Dans un entretien accordé à Ouest-France avant la réception de Villarreal ce jeudi 14 décembre en Ligue Europa, le président du Stade Rennais a dessiné la stratégie du club pour le mercato d’hiver, où au moins deux joueurs devraient débarquer. Olivier Cloarec est également longuement revenu sur les choix de recrutement et de structure d’effectif pris l’été dernier, qui sont aujourd’hui très critiqués.

Olivier Cloarec a reçu Ouest-France, ce lundi après-midi, dans ses bureaux de la Piverdière. Durant une grosse heure, il a évoqué la situation sportive difficile du Stade Rennais, inédite pour lui dans la capitale de la Bretagne.
Le président du SRFC a aussi répondu à toutes les questions que l’on se pose sur le prochain mercato d’hiver, et sur celui de cet été, à l’origine d’un effectif qui apparaît aujourd’hui déséquilibré...
Avec un peu de recul, qu’avez-vous raté, pour que Rennes se retrouve en si fâcheuse posture ?
Probablement plusieurs choses… Cet été, la plupart des amateurs de foot étaient convaincus de notre recrutement. Mais sa réussite dépend aussi de l’investissement du joueur, du travail du staff, des choix tactiques, de l’adaptation à l’environnement… Ce n’est pas qu’une question de choix de profil, mais peut-être qu’il y a des profils sur lesquels on s’est trompé.
Vous avez recruté de bons footballeurs, mais l’effectif est mal construit, déséquilibré ?
Il a été fait avec un coach (Bruno Genesio) qui joue dans un certain système de jeu, avec une certaine philosophie, et cela avait porté ses fruits ces trois dernières années. Aujourd’hui, on remet ça en cause parce que les résultats ne sont pas là. Et a fortiori, le coach n’est plus là…
Cela va donc au-delà de la responsabilité du directeur sportif ?
Les réunions de mercato ont toujours été faites avec Bruno, Florian (Maurice) et moi. Le coach évoque ses besoins à Florian, qui propose des profils, puis ils valident, et j’arbitre si besoin. En tout cas, il n’y a aucun joueur qui a été imposé à Bruno. Et ça va encore fonctionner ainsi avec Julien (Stéphan).
Vous avez tenté plusieurs paris, voulu faire confiance à vos jeunes, conforter aussi le statut de certains qui déçoivent… Il y a des regrets sur la stratégie ?
Ce qui se passe doit au moins nous amener à réfléchir pour l’avenir, Il ne faut pas être buté… Il y a eu des prises de décision, comme sur le poste de latéral droit où c’est une réflexion qui a évolué avec le coach. L’ADN du club est la formation, après il faut peut-être rééquilibrer les choses avec l’exigence de performance immédiate. Peut-être qu’on n’a pas fait que les bons choix... Après, on espérait aussi que certains joueurs continuent de progresser. Aujourd’hui, il y a un manque de confiance, un manque de plein de choses, mais les qualités, ils en ont. Ils l’ont déjà prouvé. C’est à eux, à nous de faire le nécessaire pour que ça reparte.
L’absence de joueurs de percussion interpelle…
Il y a deux ans, quand on avait Doku et Sulemana, on pouvait imaginer qu’ils constitueraient l’attaque titulaire avec Terrier. Finalement, c’est Laborde, Terrier et Bourigeaud qui avaient joué, et on avait marqué 82 buts… Où je suis d’accord avec vous, c’est que ce profil de joueur de percussion, on ne l’a pas dans l’effectif aujourd’hui. Après, est-ce que c’est ça qui ferait qu’on aurait de meilleurs résultats ? Je ne sais pas, même si ça donnerait sans doute d’autres alternatives au coach.
Le mercato d’hiver sera essentiel pour corriger le tir et espérer rebondir en 2024 ?
Cela fait partie des paramètres qui doivent nous aider à inverser la tendance. Mais ça reste un mercato d’ajustement, où les opportunités sont plus rares qu’en été. Le club travaille dessus depuis plusieurs semaines. Mais l’effectif ne va pas être bouleversé de fond en comble !
Vous recherchez un joueur par ligne ?
Un joueur dans deux lignes, oui… À ce jour, les priorités sont un défenseur et un attaquant. Si vous rajoutez deux joueurs, cela fera un effectif de 25-26, et il faut aussi le gérer. Donc il y aura sûrement aussi des corrections à apporter dans le sens des départs. On a déjà fait des réunions avec Julien et Florian. Des profils ont été proposés à Julien. Ils doivent regarder, discuter encore, hiérarchiser un peu les noms.
Il n’y a donc pas de pistes avancées ?
Si. Florian et la cellule de recrutement voient des profils, toutes les semaines, tout le temps. Après, en fonction des opportunités, de la situation du club, tu actionnes ou pas. Mais il n’y a pas de négociations engagées à cette heure.
Quelle sera votre enveloppe financière ?
On ne raisonne comme ça. L’actionnaire valide ou pas, mais il ne nous a jamais refusé quoi que ce soit. Si on veut faire des efforts sur le mercato d’hiver, on peut les faire, bien sûr.
L’équipe manque d’impact athlétique… Un milieu costaud, box to box, n’est pas envisagé ?
Sans départ, je ne crois pas. Je ne suis pas sûr que l’année dernière, Il y avait plus d’impact avec Majer et Tait, qu’aujourd’hui avec Matic et Le Fée. Après, oui, ce genre de profil peut donner d’autres atouts quand le collectif tourne moins bien. Quand ça marche pendant deux ans et demi, tu as plutôt envie de persévérer sur la même voie. Quand ce n’est pas le cas, il faut être lucide pour ne pas aller dans le mur.
Au rayon départs, Santamaria est évoqué du côté de Lyon…
À l’heure où on se parle, je n’ai rien. Et Baptiste n’est pas venu me dire "je veux partir". Lui comme tous les autres. Ce qui me laisse encore plus à penser que tout le monde reste concerné par le Stade Rennais.