Les « papys jardiniers » ont reçu leur avis d’expulsion, mais la résistance contre l’extension du Stade rennais se poursuit autour du collectif de la Prévalaye.

Les jardiniers de la Prévalaye devraient obtenir de nouvelles parcelles début mars, à 1,5 km de leurs jardins actuels.
De la résignation. C’est ce que ressent la petite dizaine de « papys jardiniers » qui louent des parcelles en bail précaire à la Ville, route de Sainte-Foix, sur le site prévu pour l’extension du centre d’entraînement du Stade rennais. En sursis depuis plusieurs mois, ils ont reçu leur avis d’expulsion en décembre. Ils devront quitter les lieux d’ici fin mars. Hasard ou coïncidence, c’est lors du conseil municipal du 14 mars que devrait être voté le permis de construire portant sur une surface de 3,5 ha (contre 8 prévus initialement), avance Anthony, membre du collectif de sauvegarde de la Prévalaye.
On aurait bien voulu rester ici. La terre y est excellente
À la place de ces jardins partagés ? Un parking et un terrain de foot à cinq, selon les plans de l’avant-projet du Stade rennais présenté en avril dernier. Mais les papys ne relèguent pas tout de suite leur bêche au placard. Interpellé par le collectif lors du conseil municipal du 17 janvier, Didier Chapellon, adjoint délégué à la biodiversité, l’assure, tout est fait pour « reloger » les jardiniers : « Les travaux de préparation de nouveaux jardins (à 1,5 km du site actuel, NDLR) commencent cette semaine. Nous souhaitons qu’ils soient prêts début mars afin de de permettre aux jardiniers de cultiver leurs nouvelles parcelles au bon moment ». Une solution acceptée faute de mieux. « On aurait bien voulu rester ici. La terre y est excellente, regrette Marcel. Il faut qu’on déplante, qu’on replante, qu’on déménage l’outillage et les cabanes ». Ils devraient toutefois être aidés, pour l’aspect logistique, par la Ville.
Un timing « étrange »
Une fin heureuse pour les papys, qui laisse toutefois le sentiment aux membres du collectif qu’ils quittent le navire. « Les jardiniers n’étaient pas dans le collectif et ne voyaient que leur pré carré de jardin, pas les enjeux à moyen ou long terme », regrette Anthony. Un choc culturel, en somme, face à un collectif qui se positionne, sous le modèle des zad, en « jardin à défendre » et qui regroupe des associations très engagées comme Extinction rébellion et Alternatiba.
Mais c’est surtout le manque de communication de cette municipalité « sociale-écologiste » que le collectif pointe du doigt. « Ce qui me choque, c’est qu’on apprend des choses sans être informés par les élus alors qu’on fait partie du comité de gestion (avec d’autres associations et des représentants de la Ville, NDLR). On a appris pour les avis d’expulsion en discutant avec les jardiniers et nous avons pris connaissance des visuels du projet de l’architecte NeM par la presse mi-janvier ». Une manière un peu cavalière de présenter le projet d’extension, qui a même étonné Nathalie Appéré, maire de Rennes, qualifiant le timing de l’architecte « d’étrange ». Néanmoins, pas de quoi surprendre Anthony : « À chaque fois que l’on apprend quelque chose, c’est toujours de manière indirecte ». Les papys jardiniers eux-mêmes, n’avaient appris leur départ que par… un journaliste du Mensuel de Rennes.