Afin de reconquérir et d'élargir leur public, les clubs de L1 semblent décidés à s'ouvrir davantage aux caméras. Pour attirer les abonnés vers leur nouvelle chaîne Ligue 1+ et générer des revenus, ils n'ont plus le choix.
Dès l'ouverture de son signal, vendredi à 19 h 15, en amont de Rennes-OM (20 h 45), Ligue 1+ veut donner le ton. Une caméra dans le car marseillais, les deux équipes suivies dès leur arrivée au Roazhon Park mais cette fois jusqu'à l'intérieur de leur vestiaire, la promesse d'interventions originales dans l'avant-match, potentiellement de l'arbitre, Jérémie Pignard...
Avec cette affiche inaugurale, la chaîne de la Ligue de football professionnel (LFP) souhaite tout de suite se différencier de ses prédécesseurs. Principalement avec une immersion plus poussée, réclamée à cor et à cri par Canal+, beIN Sports, DAZN et les autres ces dernières saisons, sans être entendus. Sauf que cette fois, les clubs n'ont plus vraiment le choix puisque leurs revenus audiovisuels sur le marché français dépendront désormais très majoritairement du nombre d'abonnés à leur propre chaîne, lancée par défaut en absence d'offre intéressante pour ses droits télé.
"Dès le premier match, vous verrez que la perspective a changé"
Jérôme Cazadieu, directeur éditorial de Ligue 1+
Il leur faut donc montrer toute leur bonne volonté, à commencer par cette première journée de Championnat. "Dès le premier match, vous verrez que la perspective a changé, avec de nouveaux rituels, promet ainsi Jérôme Cazadieu, directeur éditorial de Ligue 1+ (et ancien directeur de la rédaction de L'Équipe). Par exemple, l'avant-match doit donner un peu plus de place aux acteurs du direct, les joueurs, les entraîneurs, les arbitres, pour éviter de rester entre journalistes et consultants en bord de terrain. Nous souhaitons immerger davantage le téléspectateur dans la montée en puissance jusqu'au coup d'envoi.
Nous allons notamment accompagner les joueurs de la sortie du vestiaire jusqu'à leur arrivée sur la pelouse pour l'échauffement. La très grande majorité des clubs y est déjà favorable. Et pour les trois plus grosses affiches de chaque journée, donc pour beIN Sports également (diffuseur du match du samedi à 17 heures), nous allons sonoriser les échauffements. Des caméras mobiles équipées de micros se baladeront sur la pelouse au coeur de la préparation du match."
Comment s'abonner à Ligue 1+ et à quel prix ?
En complément, Ligue 1+ proposera à un préparateur physique, à un entraîneur des gardiens ou même à un joueur de porter un micro lors de cette montée en température avant le coup d'envoi. Un dispositif déjà mis en place ces dernières saisons en Ligue 2 par beIN. Dans l'antichambre de la L1, le diffuseur franco-qatarien a aussi proposé des échanges entre coaches, en face-à-face au micro, avant le coup d'envoi. Une séquence pas envisagée cette fois par Jérôme Cazadieu : "Aujourd'hui, les entraîneurs sont les personnalités les plus sollicitées, avec de multiples interviews obligatoires autour de la rencontre. Nous préférons privilégier une intervention de l'entraîneur au coeur du match, avant le début de la seconde période. Nous allons progressivement essayer d'en faire un rendez-vous."
D'autres séquences ayant disparu ces dernières saisons devraient faire leur retour, comme l'interview d'un joueur remplacé pendant la seconde période. Mais pas celle dans le tunnel, juste avant le coup d'envoi, jugée inutile.
Diawara et Hoarau missionnés pour plus d'immersion avec les joueurs
Pendant le match, à l'image de ce que propose déjà la NFL aux États-Unis ou la Liga en Espagne, le caméraman pourra entrer sur la pelouse au moment de la célébration du buteur pour tenter de capter davantage son émotion et la communion avec les autres joueurs et le public. En revanche, la "ref cam", la mini-caméra installée sur l'arbitre lors de la dernière Coupe du monde des clubs et lancée en Premier League cette saison, doit encore faire l'objet de discussions avec le corps arbitral avant de prendre une décision sur son utilisation ou non en L1.
Reste l'ouverture du sacro-saint vestiaire après la rencontre, notamment celui des gros clubs comme le PSG et l'OM. Ligue 1+ ne souhaite pas "tordre le bras aux directions sportives" et préfère y aller pas à pas sur ce sujet encore sensible. Mais la nouvelle chaîne pense que l'ex-Marseillais Souleymane Diawara et l'ancien Parisien Guillaume Hoarau, hommes de terrain des affiches de Ligue 1+, pourront l'aider à déverrouiller les portes. "Mais nous ne les avons pas choisis uniquement pour cela, rappelle Cazadieu. Ils nous rejoignent avant tout pour être en immersion avec les joueurs, les staffs, les supporters." Des fans que la chaîne de la Ligue va devoir séduire pour espérer atteindre son objectif d'un million d'abonnés recrutés d'ici le terme de cette première saison d'existence. Pour cela, Ligue 1+ n'a pas voulu tout dévoiler et promet des surprises dès ce week-end.