L’ancien président du Stade Rennais René Ruello veut implanter un centre de création et d’exposition pour les artistes bretons, à Pont-Aven (29), sur la friche industrielle de la Belle-Angèle. Mondialement connue grâce à Paul Gauguin, la petite cité finistérienne va pouvoir étendre sa renommée à l’art contemporain qui fera bientôt l’objet de grands rendez-vous annuels."Pont-Aven, c’est un véritable écrin pour l’art. Il faut lui donner une identité culturelle forte !". Amoureux de la petite cité finistérienne, l’ex-président du Stade rennais, l’homme d’affaires René Ruello, veut y édifier un "lieu de création et d’exposition à destination des artistes bretons contemporains". Le patron breton a donc jeté son dévolu sur une friche industrielle à l’entrée de Pont-Aven qui est un véritable repoussoir pour le visiteur en provenance de la voie express. Situé en contrebas du fameux Bois d’Amour et le long de l’Aven, l’ancienne conserverie de la Belle-Angèle a été acquise à sa fermeture par Jean-Jacques Manrot-Le Goarnig. Personnage original, Goarnig Kozh a connu son heure de gloire dans les années 70 pour son combat en faveur des prénoms bretons et pour le Festival de rock de Kertalg. Mais malgré ses nombreuses annonces de projets culturels fastueux, l’usine de trois hectares est restée depuis dans son jus et ses murs commencent à se couvrir de tags sans grand talent artistique.
Sur le modèle des rencontres d’Arles
Les projets de René Ruello pourraient être une aubaine pour Pont-Aven. Car l’homme d’affaires ne s’intéresse pas qu’à l’aspect culturel de la commune. Il a récemment fait l’acquisition, au centre du bourg, de trois établissements de bonne réputation : le restaurant Moulin de Rosmadec, la Chocolaterie et l’hôtel des Ajoncs d’Or. "Pas de culture de bonne facture sans hébergement et restauration de qualité" pourrait être le credo du Breton originaire de Merdrignac (22). L’objectif est de "redonner un élan artistique à Pont-Aven et ses environs où l’on retrouve une ambiance et une atmosphère si particulières". Son projet s’inspire des Rencontres d’Arles qu’il a étudiées de près. René Ruello va ainsi lancer, dès le 5 octobre, les "Rendez-vous de Pont-Aven", lors de l’inauguration du Moulin de Rosmadec. Il établit un parallèle entre sa démarche artistique et économique en faveur de la Bretagne et celle qu’a entamée Jean-Yves Le Drian en rassemblant les Progressistes bretons. En phase, le ministre des Affaires étrangères a d’ailleurs confirmé son déplacement le 5 octobre, à Pont-Aven. Ce jour-là René Ruello dévoilera son projet par le menu.
François Pinault ne participe pas au projet
Échaudés par les projets successifs concernant le site de la Belle-Angèle depuis vingt ans, les Pontavenistes accueillent avec prudence, mais espoir, le projet de l’homme d’affaires. Le nouveau plan d’occupation des sols de Pont-Aven sera voté, ce vendredi, au conseil municipal. Pour accueillir le futur lieu de création et d’exposition, la commune devra y effectuer une "légère" modification afin d’affirmer la nouvelle "vocation culturelle" du site. "De l’ordre d’un à deux mois", explique-t-on en mairie. Une condition suspensive inscrite dans le compromis de vente signé par René Ruello.
Quant à la réalisation du projet en tant que tel, elle devrait aller bon train une fois la dépollution du site menée à bien. "À mon âge, on a moins de temps", assure le patron septuagénaire qui présente des garanties financières sérieuses. Depuis qu’il a vendu son usine d’agroalimentaire Panavi, le Breton a choisi de réinvestir dans différents projets de sa région natale. En revanche, s’il est proche du Breton François Pinault, autre homme d’affaires grand amateur d’art contemporain, il n’est pas prévu que le patron d’Artémis participe au projet de la Belle-Angèle, malgré la rumeur persistante. On peut juste espérer qu’un jour cet autre amoureux de Pont-Aven ait l’envie d’y exposer quelques œuvres de sa collection privée.