Né à Vitré (Ille-et-Vilaine), Pacôme Marquet n’a pas été conservé par le Stade Rennais cet été après cinq ans au club. Mais il n’a pas abandonné l’idée de signer professionnel.
Pacôme Marquet retrouve doucement la normalité de la vie d’un jeune garçon de 18 ans. Il vient de passer ses épreuves de bac en candidat libre, et embrayera sur une première année en Staps à la fin de l’été. Il s’autorise un diabolo fraise et va bientôt fêter son anniversaire avec ses amis. Fini les tests de masse graisseuse à intervalle régulier et le suivi diététique à la pointe. En tout cas pour le moment…
Car le jeune milieu de terrain originaire du Pays de Vitré (Ille-et-Vilaine), qui arrivait au terme de son contrat aspirant pro au Stade Rennais, n’a pas été prolongé dans un centre de formation évalué par la FFF comme le meilleur du pays.
Un titre en Gambardella, vraiment??
Pacôme Marquet est arrivé au bout d’une aventure qui a démarré en U14, alors qu’il faisait la passerelle entre le pôle espoir régional de Ploufragan (Côtes-d’Armor) et la préformation rennaise.
"Je les ai convaincus de me faire signer lors d’un match avec le pôle où j’avais été très bon. Ils étaient venus avec la grosse équipe, avec des gars comme Ayoub, Joël…", rembobine-t-il
Le gardien Ayoub Akabou et le capitaine Joël Coulibaly ont justement été les fers de lance du titre rennais en Coupe Gambardella cette saison.
Une victoire demi-amère pour Pacôme Marquet, laissé hors du terrain à tous les matches, hormis à Laval (2-3).
"J’ai eu ma petite graine là-dedans, mon nom fait partie des vainqueurs mais c’est tout. Je ne m’approprie pas ce titre et je ne me sens pas vainqueur. Je n’ai pas fait le déplacement au Stade de France pour la finale", assume-t-il.
Ancien partenaire de chambre de Kader Meïté
Passé à Argentré-du-Plessis (des U6 aux U11) puis à l’AS Vitré (deux ans), Pacôme Marquet s’attendait à ne pas poursuivre au club.
Il gardera quelques bons souvenirs, notamment avec ses copains de classe Yaël Thébault (qui a signé professionnel), Diego Coutadeur, Melvin Jambry, et Lorys Jagu.
Il avait aussi noué une bonne relation avec le coach Sébastien Tambouret, qui a assuré l’intérim sur le banc du Roazhon Park contre Toulouse (0-2) après le départ de Julien Stéphan.
"Il y aura eu pas mal de bons moments. Mais j’ai connu beaucoup de frustration parce que je n’ai pas pu m’exprimer comme je le voulais. Au centre, j’ai connu les trois mêmes saisons, avec des blessures, des périodes de méforme et de très bonnes fins de saison", analyse-t-il.
Pacôme Marquet, qui a partagé sa chambre avec les deux phénomènes Kader Meïté (17 ans, déjà deux buts en L1) et Lucas Rosier, a aussi été surpris par les mentalités.
Aucune volonté que l’autre réussisse
Fils d’agriculteur, on lui a inculqué des valeurs d’humilité et de respect qui ne sont pas toujours mises en avant dans la jungle des centres de formation.
Les cultures sont différentes. Certains ont une mentalité de tueur, habités par l’envie de réussir. Tu t’écrases très vite, tu montres moins de caractère. Le problème là-dedans, c’est qu’il y a zéro tendresse, aucune volonté que l’autre réussisse. Le football est le plus individuel des sports collectifs, c’est très clair.
Pacôme Marquet
Au point qu’on lui a même soufflé qu’il n’avait «?pas assez le melon?» dans un contexte où il faut "mépriser l’autre pour se sentir constamment en état de confiance".
Pendant ces trois ans, il s’est parfois senti seul. Triste, lorsque son temps de jeu n’était pas aussi conséquent que voulu. Il s’est aussi posé des questions. Le foot, sa passion, doit rester un plaisir…
Comme une consultation chez le psy
"Quand je ne me sentais pas bien, ce sont les entraînements qui me redonnaient le bonheur. C’est paradoxal quand c’est le foot qui rend triste. Mais pour moi, c’est comme une consultation chez le psy", image Pacôme Marquet.
La flamme de ce milieu de terrain habile techniquement et dans la lecture du jeu, dont le profil rappelle celui de Nemanja Matic, n’est pas éteinte.
Il reprendra dans quelques semaines sous les couleurs de l’US Avranches en U19 Nationaux. Un club forcément moins ambitieux, où il espère emmagasiner les minutes, retrouver la confiance et pourquoi pas rebondir dans une nouvelle structure professionnelle ou, à terme, s’installer en seniors (N2).
Il se stimule : "J’ai les clés pour réussir, ça ne dépend que de moi". Mais on ne lui fera aucun cadeau. Ça aussi, il l’a appris au centre de formation.