La LFP et DAZN, diffuseur de la majeure partie de la Ligue 1, ont proposé deux scénarios chacun pour sortir de l'impasse. Mais pour l'instant, les deux parties sont loin d'un accord, même s'il reste deux jours pour faire bouger les lignes.
Mardi, le football professionnel français s'enfoncera peut-être encore un peu plus dans la crise. Car le médiateur mandaté par la justice pour tenter de trouver une issue au conflit entre la LFP et DAZN a prévenu qu'il n'irait pas au-delà du 15 avril. Dès lors, soit les deux camps trouvent un accord sur la diffusion et le paiement de la Ligue 1 par la plate-forme, soit le conflit se règle définitivement devant les tribunaux.
Démarrée il y a un mois et demi, la médiation (DAZN réclame un total de 573 millions à la LFP « pour manquement observé » et « tromperie sur la marchandise ») était censée s'achever le 31 mars, avant une première prolongation jusqu'à la fin de la semaine dernière, puis quelques jours de rab pour tenter de sortir de l'ornière. Tout simplement parce qu'à ce stade, la situation est bloquée, les deux camps figés sur des positions trop éloignées les unes des autres.
DAZN envisage la possibilité de récupérer le match diffusé par beIN Sports
Selon nos informations, il existe quatre scénarios imaginés par les deux parties. La LFP en a échafaudé deux. Le premier, qui acterait la fin prématurée du partenariat avec DAZN, qui perd « entre 200 et 250 millions d'euros cette saison », comme l'a annoncé le médiateur, prévoit que le nouvel entrant diffuse et paie jusqu'au terme de l'exercice actuel, puis arrête en réglant à la Ligue un dédommagement pour la suivante. Mais pas au niveau de ce qu'il aurait dû régler (375 millions d'euros) s'il avait poursuivi l'aventure.
Le second plan imaginé par la Ligue avec ses conseils (la société Peak, spécialisée dans les médias, et le cabinet d'avocats Clifford Chance) prévoit la poursuite de l'association entre les deux parties pour deux ans (2025-2026 et 2026-2027) en repoussant d'un an la clause de sortie actuelle (à l'issue de la saison prochaine si le seuil de 1,5 million d'abonnés n'est pas atteint en décembre). Dans ce schéma, la LFP consentirait une légère baisse des droits versés par DAZN.
La plate-forme britannique a elle aussi soumis deux propositions. La première, de court terme, imagine un accord pour un retrait à la fin de la saison en payant les deux dernières traites, mais sans réel dédommagement pour la suite. La seconde option, de long terme celle-là, envisage la poursuite du deal avec la LFP, mais en revoyant totalement les termes du contrat. L'idée est d'inclure une part variable très conséquente avec un contrat qui s'achève dans quatre ans.
DAZN évoque également la possibilité de s'engager sur la totalité des matches en récupérant celui actuellement détenu par beIN Sports, qui paye 78,5 millions de droits annuels et 20 millions de sponsoring (pas encore vraiment effectif). Ce qui lui permettrait de proposer une offre complète, comme elle l'avait envisagé en novembre 2023. À l'époque, DAZN souhaitait 100 % de la L1 pour 500 millions d'euros par an, mais la LFP n'avait pas donné suite, pensant récupérer davantage. Ce qui n'a pas été le cas.
Aucun des deux camps n'est pour l'instant prêt à valider une proposition de l'autre
Aujourd'hui, au terme de la médiation en cours jusqu'à mardi, aucun des deux camps n'est prêt à valider l'une des propositions de l'autre partie. Ce qui conduit à une situation bloquée avec la perspective d'une guerre totale. Dans ce schéma, DAZN ne paierait certainement pas les deux dernières échéances prévues dans con contrat (fin avril et fin juin). Si cette hypothèse se vérifie, la LFP devra alors faire jouer les garanties financières données par Access Industries, la maison mère de DAZN, propriété de Len Blavatnik.
Mais cela prendrait forcément des mois... Et DAZN peut faire valoir un mauvais traitement, un piratage incontrôlé et un dénigrement révélé par les enregistrements de réunions entre présidents de club. Il reste donc deux jours (la LFP a prévu de réunir son conseil d'administration mardi après-midi) pour sortir de cette impasse avec une solution miracle. Un tour de magie que l'on ne voit, pour l'instant, pas encore venir.