Après avoir vu son prêt à Saint-Étienne capoter, ce samedi, l'attaquant rennais M'Baye Niang s'est expliqué sur ce retournement de situation.Sur la route qui le ramenait vers Rennes, ce samedi soir, M'Baye Niang a pris le temps de s'arrêter pour répondre à nos questions. L'attaquant (25 ans) en avait semble-t-il gros sur le coeur. Pas de rentrer en Bretagne, plutôt de ne pas avoir pu rejoindre l'AS Saint-Étienne, « un grand club » où il se voyait déjà. "Je suis déçu mais c'est la vie, je repars de l'avant", a-t-il insisté dans un message envoyé quelques instants après les vingt minutes d'entretien qu'il nous a accordées.
Pourquoi n'avez-vous pas signé à Saint-Étienne, alors que les deux clubs s'étaient mis d'accord ?
Même moi, j'étais d'accord. Ça ne s'est pas fait, je ne vais pas commencer à entrer dans les débats et vouloir faire des polémiques. Je suis triste parce que j'avais envie d'aller là-bas. Je l'ai montré en y étant depuis jeudi. J'étais convaincu de l'intérêt du projet. C'est un choix que j'assume. Je vais maintenant me remettre la tête à Rennes. J'espère que ça se passera bien.
Que s'est-il passé entre vendredi et samedi pour que l'affaire capote ?
Beaucoup de choses ont été dites. Le deal ne s'est pas fait, c'est tout. La vie continue, il faut aller de l'avant.
Il semble pourtant qu'un problème soit survenu...
Il y a eu des complications qui m'ont aussi énervé. On a décidé d'un commun accord de tout arrêter. On sentait que ça n'allait pas le faire. Je n'étais pas dans les bureaux du club. J'ai passé ma visite médicale, j'ai vu le coach (Claude Puel) au centre d'entraînement, on a parlé et je suis rentré à l'hôtel avec ma femme et mes enfants. C'est mon avocat, avec qui j'étais, qui devait régler les deux, trois derniers détails. Il m'a ensuite appelé pour me dire que ça bloquait.
Saint-Étienne a parlé de "l'intervention de plusieurs agents qui a rendu la finalisation de l'opération impossible". S'agit-il de vos agents ? Confirmez-vous cette version ?
Les agents n'étaient pas au centre d'entraînement. À aucun moment ils ne sont venus. Ils ne cautionnaient pas le fait que j'aille à Saint-Étienne, ils ne voulaient pas que je signe et ils ne voulaient pas de commission. À un moment donné, ça leur a été proposé par mon avocat, mais ils ont refusé.
On vous dit brouillé avec eux depuis le transfert raté à Marseille, cet été. Quelles sont vos relations aujourd'hui ?
On se dit la vérité. Mon transfert à Marseille a échoué. J'étais déçu mais je n'ai pas remis en cause toutes les choses qu'ils ont faites. Ils m'ont permis de rejoindre Rennes, où je me suis relancé, il ne faut pas l'oublier. C'est clair que j'étais déçu de ne pas aller à Marseille. Aujourd'hui, je reviens au Stade Rennais, je vais reconquérir tout le monde. M'Baye va reprendre sa place.
Les déclarations de Julien Stéphan, votre entraîneur, vous ont-elles fait réfléchir ou rassuré sur votre avenir à Rennes ?
Tout le monde sait qu'on a une très bonne relation avec le coach. On se dit les choses. On a eu besoin de s'appeler (vendredi matin) avant la visite médicale. Je me suis posé des questions, parce qu'il a quand même pris la peine de m'appeler pour me dire que ça le faisait chier que je parte. Il m'a dit qu'il fallait que j'accepte la concurrence. Mais j'ai joué à l'AC Milan, avec des grands joueurs, avec tout le respect pour mes coéquipiers d'aujourd'hui. Si j'ai accepté cette concurrence-là, à Rennes je l'accepte aussi. Ce n'était pas une question de concurrence, la preuve en est, je suis en train de revenir. Il y a de la concurrence partout. À moi de montrer que je suis le meilleur.
Meilleur que Serhou Guirassy notamment, aujourd'hui titulaire en pointe ?
Qu'est-ce qui vous dit aujourd'hui que je ne suis pas le numéro 1 ? Il faut juger quand on est à 100 %. Après une période compliquée, il faudra du temps pour se remettre la tête à l'endroit, fermer les yeux et les oreilles, travailler, marquer des buts et aider les coéquipiers.
Guirassy s'est vite imposé devant, à votre place. L'avez-vous accepté ?
Je m'entends très bien avec lui. C'est un très bon joueur. Avec Amiens, il nous avait fait forte impression. Aux entraînements, je le vois, il va beaucoup nous apporter. Comme le coach l'a dit, il y a de la concurrence. Mais rien ne l'empêche de changer de système. Quand tu as des bons joueurs, tu es obligé de les mettre sur le terrain. Au coach de trouver une solution.
À vous aussi de vous réintégrer au projet. Y êtes-vous prêt ?
À aucun moment je ne me suis écarté du projet. Je pense qu'il y a eu une incompréhension après ma sortie publique, pendant le confinement, qui a été maladroite ("L'OM est un club qui m'intéresse"). J'aurais peut-être pu l'éviter. Le club m'a beaucoup donné, il m'a permis de m'exprimer, je ne cracherai jamais dessus. Depuis le début, tout le monde parle à ma place, mais j'ai toujours dit que le Stade Rennais est un club que je respecte. J'ai toujours dit que, si je devais rester, je serais le plus heureux. C'est ce qui m'arrive aujourd'hui. Il n'y a aucun problème pour moi. J'ai la chance d'avoir vécu de grandes choses depuis deux ans. Je reviens, je suis prêt. J'ai toujours été gonflé à bloc, c'est ce qui fait ma force, d'ailleurs.
Une situation trop compliquée pour les Verts
Le communiqué annonçant que l'ASSE renonçait au prêt sans option d'achat de M'Baye Niang est tombé ce samedi à 15 h 11. L'épilogue de plusieurs jours de négociations entamées lundi - les deux clubs s'étaient rapidement mis d'accord - et de dernières heures mouvementées.
Un peu plus tôt, les différentes parties avaient rendez-vous à 11 heures, puis à midi pour signer les documents validant le prêt de l'attaquant. Mais à la demande du joueur, accompagné sur place par son avocat Me Rutman, qui le suit depuis l'âge de 17 ans et s'est dit « déçu » de l'issue finale, la signature avait été reportée dans l'après-midi. Ses représentants Grégory Gélabert et Jonathan Chiche étant absents, après s'être manifestés vendredi, l'avocat avait mandaté un autre agent, Rudy Raba, pour finaliser l'opération. Qui n'aboutira jamais, l'état-major stéphanois ayant décidé de se retirer au dernier moment face à une situation trop compliquée.
"Ça a traîné, l'ASSE n'a peut-être pas supporté le temps qui s'est écoulé", imagine Gélabert, estimant depuis le début qu'il s'agissait d'une "régression" dans sa carrière pour l'international sénégalais. Un autre élément pourrait expliquer ce revirement : la condition physique semble-t-il pas optimale du joueur et les doutes des Verts sur sa capacité à être opérationnel tout de suite. Claude Puel comptait à l'origine l'aligner dès dimanche prochain face à Nice.