C’est une claque que la Ligue de Football Professionnel ne peut plus ignorer. Alors que la saison 2025-2026 se profile, une étude OpinionWay révèle une réalité alarmante : près de deux tiers des Français (64 %) refusent de payer un abonnement pour regarder la Ligue 1. Dans un pays historiquement passionné de ballon rond, ce rejet massif résonne comme un symptôme inquiétant d’un divorce silencieux entre le public et son championnat.
Après l’échec commercial de DAZN — contrat rompu dès la fin de la première saison — la LFP avait tenté de reprendre la main en lançant Ligue1+, une plateforme à 14,99 € par mois, bien en deçà des 39,99 € exigés initialement par DAZN. Mais rien n’y fait : le refus de payer s’enracine, et avec lui, la menace d’un effondrement du modèle économique du football professionnel français.
Une fracture populaire et générationnelle
Le détail de l’enquête est sans appel. Même parmi les amateurs de football, 44 % refusent de souscrire un abonnement. Et la tendance s’aggrave chez les jeunes : moins de 4 % des 18-24 ans accepteraient de payer plus de 10 € par mois pour suivre les matchs. Pour une industrie qui misait sur le numérique pour renouveler son audience, le désaveu est cruel.
Ce rejet ne semble pas lié uniquement au prix : il traduit aussi une lassitude face à des offres complexes, des matchs éclatés sur plusieurs plateformes, et une qualité sportive jugée déclinante. La Ligue 1, jadis produit de fierté nationale, peine aujourd’hui à convaincre même les siens.
Une exception : le club de cœur
Un chiffre, toutefois, retient l’attention : 67 % des supporters ayant un club de cœur se disent prêts à payer, contre seulement 35 % dans la population générale. Ce lien affectif pourrait être la dernière planche de salut pour un football en crise. Il suggère que la centralisation des droits dans une offre unique ne fonctionne plus, et que l’avenir pourrait passer par une vente directe des droits club par club, voire par du pay-per-view ponctuel.
Mais cette piste, si séduisante soit-elle, pose des questions lourdes : cela renforcerait les inégalités entre clubs, affaiblirait le principe de solidarité, et fracturerait davantage encore un championnat déjà à la peine sur la scène européenne.
Le football français à la croisée des chemins
La situation actuelle n’est pas tenable. Les clubs, largement dépendants des revenus audiovisuels, voient leur horizon se boucher. L’attractivité du championnat, déjà en retrait, risque de décliner encore. Moins d’argent, moins de visibilité, moins de stars : la Ligue 1 glisse lentement mais sûrement vers une marginalisation dangereuse.
Face à cette crise de confiance, le football français doit repenser en profondeur son rapport au public. L’enjeu n’est plus seulement financier : il est culturel. Il s’agit de savoir si, demain, le football professionnel français existera encore dans l’imaginaire collectif — ou s’il deviendra un produit de niche, coupé de sa base populaire.