Le milliardaire breton François Pinault, propriétaire du Stade Rennais, avait exprimé en juin 2024 son désir de construire un nouveau stade sur la friche industrielle de la Barre-Thomas, à quelques centaines de mètres de l’actuel Roazhon Park, où il n’est que locataire. Huit mois plus tard, avec des résultats sportifs en berne, une opposition ferme des élus de la Ville et surtout un terrain qui semble inadapté, ce rêve semble progressivement s’évaporer.
Pour gonfler ses recettes, le Stade Rennais rêve d’un stade plus grand. Avec 29 000 places, l’actuel Roazhon Park n’est que la quinzième enceinte sportive de France. Loin, très loin des 80 000 places du Stade de France – le plus grand stade du pays – du Stade Vélodrome de Marseille (Bouches-du-Rhône) aux 67 000 places, ou encore du Groupama Stadium, à Lyon (Rhône), et ses 59 000 places. La Ville, qui est propriétaire de l’infrastructure louée entre 800 000 € et 1 million d’euros par an (selon le chiffre d’affaires du club), n’est pas contre un agrandissement.
François Pinault ne cache pas son désir de créer un nouveau stade pour son club.
La famille Pinault, qui possède le Stade Rennais depuis 1998, préférerait construire un nouveau stade de 45 000 places, dont elle serait propriétaire. François Pinault a même un terrain dans le collimateur, comme il l’expliquait dans nos colonnes en juin 2024 : la friche industrielle de la Barre-Thomas, ancien fief de Citroën, située à 400 mètres de là, de l’autre côté de la rocade. « L’architecte Jean Nouvel – c’est un ami – est prêt à se mobiliser sur ce projet. Ce nouvel investissement serait totalement financé par ma famille », rassurait-il.
D’autres chats à fouetter pour le Stade Rennais
Quelques mois plus tard et alors que le Stade rennais qui traverse une saison difficile a d’autres priorités, cette option de la Barre-Thomas se révèle de plus en plus être une impasse. Différentes raisons à cela. La première : la Ville ne veut pas en entendre parler. Au-delà de l’attachement revendiqué au stade historique, les raisons écologiques et les difficultés d’accès routiers pèsent lourd dans cette réticence.
Deuxième raison, et non des moindres : le terrain en lui-même. Le site de la Barre-Thomas, propriété des groupes Mazureau et Lamotte, est certes idéalement placé sur le papier. Près du berceau historique du Stade Rennais, près de la rocade, de la route de Lorient. En revanche, il ne sera pas disponible avant dix-huit mois, au mieux. C’est le temps que l’entreprise Cooper Standard juge nécessaire pour dépolluer les terres contaminées par les activités passées.
Parcelle trop étriquée ?
Par ailleurs, la surface disponible semble difficilement compatible avec la construction d’un nouveau stade d’ampleur. Le terrain fait à peine 10 hectares. C’est plus que l’actuel Roazhon Park, jugé étriqué, et qui est installé sur 6,6 hectares. Est-ce pour autant suffisant ? Quelle serait la surface idéale pour un nouveau stade ? À titre d’exemple, à l’autre bout de la Bretagne, Brest s’apprête à bâtir sa nouvelle arène de 32 000 m² (trois gros hectares donc) sur une parcelle totale de 18 hectares, qui intègre les voies d’accès. Seulement les Finistériens visent une jauge maximum de 15 000 spectateurs.
Pour trouver une enceinte de taille équivalente à ce que veulent les Rennais, il faut regarder vers Bordeaux (Gironde) où en 2015, un stade multifonction de 42 000 places a été inauguré. Peu ou prou ce que voudrait François Pinault donc. Le stade, seul, s’étend sur 4,6 hectares pour une parcelle totale là encore de plus de 18 hectares.
Un nouveau Roazhon Park, et ses parkings, devrait alors tenir sur dix hectares. Ou plutôt neuf. En effet, dans un communiqué, le promoteur rennais qui poursuit en attendant la commercialisation de la zone, indiquait que sur cette parcelle « des réflexions sont avancées pour le développement d’un pôle sport indoor sur une surface de 6 000 à 12 000 m² », avec pourquoi pas terrains de soccer ou de paddle. Le rêve de François Pinault devra sans doute trouver un autre lieu pour s’exaucer.
13 000
C’est le nombre de places qu’il serait techniquement possible d’ajouter à l’actuel Roazhon Park, selon une étude commandée par la Ville et rendue au club à l’été 2024. À ce jour, le Stade Rennais ne s’est pas positionné sur ce possible agrandissement.