La lutte contre le piratage sportif en ligne s’apprête à franchir un nouveau cap en France. Alors que les boîtiers IPTV pullulent et que les chiffres explosent, la LFP va placer la question au cœur de son assemblée générale le 4 décembre.
Une première étape vers une contre-offensive plus musclée contre l’IPTV illégale, inspirée des modèles britanniques ou allemands, beaucoup plus agressifs sur le plan technologique et juridique.
9 millions de boîtiers pirates en circulation
Selon les dernières estimations de DAZN, relayées par L’Équipe, environ 9 millions de boîtiers IPTV seraient actuellement en circulation en France. Un chiffre vertigineux, en forte hausse par rapport aux données de l’Arcom, qui évoquait encore récemment une fourchette de 5 à 6 millions. Près de 12 % des internautes français seraient concernés par le phénomène, dont 41 % depuis moins d’un an.
Pour Ligue 1+, la nouvelle plateforme lancée dans l’urgence après l’échec du partenariat avec DAZN, le piratage représente un gouffre financier. Et la mutation de l’offre n’a rien changé au problème. « On est passé de DAZN à Ligue 1+ sans aucune modification en termes de piratage », déplore Philippe Dewost, spécialiste mandaté par DAZN pour étudier le fléau.
En France, un cadre trop mou
Comparée à ses voisins européens, la France semble à la traîne. En Espagne, en Angleterre ou en Italie, les diffuseurs ont pris les devants. Ils ne comptent pas uniquement sur leurs régulateurs respectifs mais investissent dans des systèmes de protection sophistiqués, traquent les failles techniques et multiplient les partenariats avec les autorités judiciaires. En France, l’Arcom paraît seule au front.
La LFP, consciente de l’enjeu pour la survie économique de son championnat, tente de reprendre la main. Sa filiale LFP Media a engagé un détective privé chargé de monter des dossiers solides pour des plaintes en justice. Objectif : faire tomber les gros diffuseurs pirates et, surtout, transformer les pirates en abonnés.
Avec 1,08 million d’abonnés, Ligue 1+ peine à atteindre la rentabilité. Un basculement vers une offre légale même partiel représenterait un gain énorme pour les clubs.
Vers une révolution technologique ?
Le modèle britannique donne un aperçu de ce que pourrait devenir la lutte antipiratage en France. Amazon vient de bloquer à distance toutes les applications illégales installées sur ses Fire TV Stick, y compris celles sideloadées par les utilisateurs eux-mêmes. Résultat : une hémorragie d’accès aux contenus illicites.
Outre-Manche, 59 % des adeptes du streaming illégal utilisent un Fire Stick, soit près de 4,7 millions d’adultes. En France, l’usage de ces dispositifs est similaire, et les “vieilles clés” encore bidouillables pourraient bientôt devenir des objets de collection.
Le 4 décembre, première salve ?
L’assemblée générale de la LFP, prévue le 4 décembre, s’annonce donc stratégique. Le piratage y sera mis noir sur blanc à l’ordre du jour. Suffisant pour faire bouger les lignes ? Peut-être ou peut-être pas. L’enjeu est colossal : retrouver le contrôle de la diffusion de la Ligue 1 et protéger les revenus d’un championnat qui ne peut plus se permettre de perdre la guerre numérique.



