Européen pour la sixième saison consécutive, le Stade Rennais doit s'adapter depuis plusieurs années aux règles économiques édictées par l'UEFA. Le fameux "fair-play financier", qui évolue avec des règles de plus en plus drastiques jusqu'en 2025.
En 2010, l'UEFA alors dirigée par Michel Platini créait le désormais célèbre "fair-play financier", un ensemble de règles économiques qui visait alors à assainir la gestion des clubs de football participant aux compétitions européennes. Ces règles, qui concernent le Stade Rennais qui dispute la coupe d'Europe depuis six saisons, évoluent depuis cette année pour devenir de plus en plus contraignantes d'ici à 2025. Le club organisait ce jeudi un point presse au Roazhon Park en présence de Benoit Muller, directeur général adjoint du Stade Rennais, pour présenter les contours de cette nouvelle législation.
Une nouvelle mouture pour les règles financières de l'UEFA
L'UEFA organise sa législation économique autour de trois piliers : un club de foot doit évidemment payer ses dettes, être à l'équilibre entre ce qu'il dépense et ce qu'il génère, mais l'instance est surtout attentive à la manière dont l'argent est dépensé. Jusqu'à cette année comprise, les clubs peuvent réinvestir 90% de leurs recettes dans les charges liées à l'équipe première (salaires chargés des joueurs professionnels et du staff). Aujourd'hui, les salaires des joueurs et du staff représentent la dépense la plus importante pour un club de football. Cette proportion évolue : elle sera de 80% maximum en 2024, et 70% en 2025.
Si ces chiffres ne sont pas respectés, l'UEFA prévoit une grille de sanctions qui peut aller d'une amende importante à l'exclusion des compétitions continentales. Dans le passé, le système de sanctions était un peu plus opaque, il est désormais posé noir sur blanc. Et détail d'importance, là où les organes de contrôle en France prennent en compte les fonds propres des actionnaires des clubs en cas de déficit sur une année, ce qui permet au Stade Rennais une certaine souplesse dans la gestion de ses comptes d'une saison à l'autre avec la présence de la famille Pinault, ce n'est pas le cas au niveau européen. Il faut donc générer un maximum de revenus pour rester dans les clous.
Le club n'est "pas en danger" mais doit générer plus de revenus
Pour l'instant, le club affirme qu'il "n'est pas en danger", grâce à une "gestion prudente", et une balance commerciale sur les ventes de joueurs très largement positive cet été notamment. Mais puisqu'il veut rester ambitieux sur le plan sportif, ce qui implique des joueurs achetés à des prix élevés et avec des salaires correspondants, il lui faudra d'ici à 2025 générer plus de revenus, pour respecter la règle des 70% de recettes investies dans l'équipe première.
Les clubs de football ont un certain nombre de leviers pour faire grandir leur chiffre d'affaires : il y a les ventes de joueurs - mais il est difficile d'être largement bénéficiaire tous les ans tout en restant compétitif sportivement, les droits télévisuels - en cours de renégociation mais rien ne laisse à penser que leur montant va augmenter, mais aussi les revenus de sponsoring, de merchandising et de billetterie. Sur ces trois points, le club "peut toujours faire mieux".
En filigrane, on comprend donc que le Stade Rennais veut générer plus de recettes liées au stade, et que, de fait, le projet de nouvelle enceinte est considéré plus avantageux de ce point de vue puisque toutes les recettes iront dans la poche du club. D'autant que, si le projet venait à se concrétiser, les coûts de construction (comme ceux liés à l'extension du centre d'entraînement) ne seraient pas pris en compte dans le calcul des dépenses du fair-play financier, l'UEFA considérant ces investissements de structure comme étant vertueux sur le long terme.
Benoît Muller explique aussi que le club travaille avec d'autres clubs français à un ajustement des sanctions prévues par l'UEFA en cas de dépassement du seuil autorisé pour les coûts liés à l'équipe première. Les clubs concernés veulent faire valoir auprès de l'instance européenne que les cotisations sociales étant largement plus importantes en France que dans les autres pays européens, les dépenses liées aux salaires sont de fait beaucoup coûteuses à valeur de joueur égale.
François Rauzy
François Rauzy
France Bleu Armorique