
Diego Godín (34 ans, Inter Milan) était très intéressé par le projet du Stade Rennais. Mais la fiscalité italienne a rendu impossible le mariage entre le défenseur uruguayen et le club breton. Explications.
Il aurait été l’une des recrues les plus retentissantes de l’histoire du Stade Rennais, un club qui fêtera ses 120 ans le 10 mars. Pour ne pas dire LA recrue la plus retentissante. Dépassant largement le standing d’un Hatem Ben Arfa ou d’un Raphinha et ses 23 M€, pour ne citer que les plus récents.
On ne présente plus Diego Godín, 135 sélections avec l’Uruguay dont une demi-finale de Coupe du monde en 2010 et un quart de finale perdu contre la France en 2018. Avec l’Albiceleste, dont il est le capitaine, le défenseur central a également gagné la Copa América 2011. Et que dire de sa carrière et notamment de ses 388 matches sous le maillot de l’Atlético de Madrid, avec lequel il a remporté la Ligue Europa (2012, 2018), la Supercoupe d’Europe (2010, 2012, 2018), la Liga (2014), la Coupe du Roi (2013), la Supercoupe d’Espagne (2014) et disputé deux finales de Ligue des champions (2014, 2016).
Sans compter la dernière finale de Ligue Europa en date, jouée avec l’Inter de Milan et perdue malgré un but inscrit contre Séville après trente-cinq minutes (2-3).
Quarante-cinq minutes au téléphone avec Stéphan
Nommé deux fois pour le Ballon d’or (2016, 2018), Diego Godín aurait apporté au Stade Rennais sa renommée et une expérience incomparable. Cela a vraiment failli se faire. Au départ, le contact a été noué, en juin, par deux proches de Julien Stéphan, au courant d’une situation inconfortable de l’intéressé avec son entraîneur à L’Inter Milan, Antonio Conte.
Les contacts ont duré plus de deux mois et demi. Tandis que sa saison sportive se poursuivait, avec notamment le parcours en Ligue Europa, Godín est resté concentré pour terminer au mieux l’exercice 2019-2020 avec l’Inter Milan, mais il s’est à la fois très vite intéressé au projet rennais.
Sa famille aussi voulait venir en France
Il a notamment visionné quatre matches du SRFC, s’est renseigné auprès de son compatriote du PSG Edinson Cavani sur le niveau de la Ligue 1 et sa vision du club breton. Il a également sondé son grand ami Antoine Griezmann.
Puis il a eu Julien Stéphan au téléphone. Un échange de quarante-cinq minutes durant lequel le courant est très bien passé. Ensuite, il a apprécié l’approche claire du directeur Maurice Florian Maurice.
Son objectif était affiché : jouer la Coupe du monde au Qatar, fin 2022. Il se projetait donc sur deux ans et demi à Rennes. Même au niveau personnel, cela cadrait. Sa famille souhaitait découvrir la France pour une nouvelle expérience.
Godín aurait dû rembourser ses avantages fiscaux
Dans la réflexion de sa venue au SRFC, Godín a alors consenti des efforts au niveau salarial, pour rendre l’accord possible avec les dirigeants bretons. Même les deux ans de contrat restant à l’Inter Milan ne semblait pas freiner l’opération. Mais finalement, c’est une loi fiscale italienne qui a eu raison de l’envie réciproque du défenseur central et du Stade Rennais. Arrivé à l’Inter Milan à l’été 2019, Godín aurait dû rembourser ses avantages fiscaux de la première saison, s’il ne restait pas plus longtemps dans le Calcio. Le montant correspondait à une somme très conséquente, supérieure par exemple au transfert de Nayef Aguerd de Dijon à Rennes (6,5 M€). Depuis 2017, l’Italie applique un régime fiscal très attractif, le « flat tax », avec un taux d’imposition très bas sur les revenus de ses résidents étrangers. Mais à condition d’un séjour prolongé sur le sol du pays.
La seule possibilité pour Godín d’échapper à cette loi fiscale était de rester en Italie, ce qu’il va faire en rejoignant Cagliari, ou de partir aux États-Unis. L’international français Blaise Matuidi a ainsi quitté la Juventus Turin pour l’Inter Miami. Et Cristiano Ronaldo, malgré deux premières saisons frustrantes en Ligue des champions avec la « Vieille Dame », reste dans la Piémont.
Si Godín n’est pas venu en Bretagne, alors que le désir s’avérait réciproque avec le Stade Rennais, ce n’est donc ni sa responsabilité, ni celle du club. Et c’est surtout bien dommage.