Arrivé en Bretagne en janvier 2025 pour sauver le Stade Rennais en perdition totale, Habib Beye semble aujourd’hui à court d’idées. A t-il réellement les capacités pour faire revenir les rouges et noirs à la hauteur de leurs ambitions ?
Une équipe en reconstruction
Au sortir d’une saison 2024-2025 calamiteuse, le Stade Rennais est dans l’obligation de se racheter auprès de ses supporters. Débarqué à Rennes le 30 janvier 2025 en remplacement de Jorge Sampaoli, Habib Beye a réussi à remplir les objectifs qui lui avaient été assignés, à savoir le maintien dans l’élite. Auteur de 8 victoires et 7 défaites sur la seconde partie de saison dernière, le club avait réussi à s’éloigner des places critiques de relégables.
Prolongé automatiquement en fin de saison comme son contrat le stipulait, Habib Beye a eu tout l’été pour construire, en collaboration avec le nouveau directeur sportif Loïc Désiré, une équipe qui tient la route. C’est dans une politique de recrutement très hexagonale après le mercato international désastreux de la saison dernière, que des joueurs expérimentés de Ligue 1 sont arrivés à Rennes. Les cas de Valentin Rongier et de Quentin Merlin ont beaucoup fait parler en raison de leurs origines jaunes et vertes. Les chambrages dans le cadre du derby par le passé ont eu du mal à passer pour certains supporters. Quentin Merlin est venu renforcer la défense au côté du polonais Przemyslaw Frankowski. Mahdi Camara qui avait brillé avec le Stade Brestois durant les deux dernières saisons est également arrivé au sein de la capitale bretonne. Enfin Esteban Lepaul, révélation angevine de la saison dernière ainsi que Breel Embolo ancien monégasque en manque de temps de jeu sont venus remplacer en attaque le duo Kalimuendo-Gouiri qui avait quitté la Bretagne.
L’expérience de la L1 de ces joueurs expérimentés est une nécessité absolue pour le club en manque cruel de repères. Elle doit être capable de guider la fougue de la nouvelle génération emmenée par Kader Meïté, vainqueur de la Coupe Gambardella la saison dernière, et Djaoui Cissé.
Un début de saison en dent de scie
Le Stade Rennais vit un début de saison contrasté. Auteurs de seulement 2 victoires en 6 matchs , les joueurs ont fait vibrer les supporters notamment lors de certains matchs mais ils peinent à convaincre sur la durée. L’équipe semble par moment manquer cruellement de caractère et se reposer sur ses lauriers. Le match nul concédé lors du derby à la Beaujoire en est l’exemple le plus frappant. Après avoir surdominé son adversaire en première mi-temps et être rentré au vestiaire avec une avance que l’on pensait confortable, l’équipe s’est complètement effondrée face à un adversaire qui n’en demandait pas tant. Résultat, le Stade Rennais perd deux points au bout du temps additionnel qui pourrait potentiellement s’avérer précieux en fin de saison. C’est un scénario malheureusement qui se répète, qui avait déjà été vu à Angers avec un Stade Rennais qui s’était liquéfié lors de la seconde mi-temps.
Le match nul concédé face à Lens dimanche dernier l’a démontré, les joueurs manquent cruellement d’automatismes entre eux. A 11 contre 10 pendant 90 minutes, les rouges et noirs orphelins de leur nouveau capitaine Valentin Rongier ont été apathiques. Leur jeu semble beaucoup trop stéréotypé et prévisible pour l’adversaire. Les schémas de jeu sont répétitifs avec un ballon qui circule entre le milieu de terrain et les latéraux mais qui n’amène très souvent à rien. Cela a facilité la tâche des artésiens qui n’ont été que très peu mis en danger durant la rencontre et qui auraient même pu repartir avec les 3 points avec un peu plus d’efficacité devant les cages.
Ce manque de créativité côté rennais se répète match après match et ne semble pas prêt de s'arrêter en ce début de saison. Peu sont les matchs où Rennes a déroulé son jeu face à un adversaire. Le manque d’initiatives, de frappes de loin, de gestes techniques rend l’équipe extrêmement lisible sur le terrain et facile à défendre pour les adversaires. Il est loin le temps où les rouges et noirs proposait un jeu alléchant et déroulait face aux autres formations du championnat.
Il y a bien eu quelques moments de grâce comme cette victoire arrachée contre l’Olympique Lyonnais grâce à une magnifique entrée de l'inévitable Kader Meïté. Auteur de 2 buts, il a permis aux siens de renverser la tendance dans cette rencontre suite au rouge de Morton et de s’imposer. Mais ce scénario obstrue 75 minutes où le Stade Rennais a peiné à exister et a fait preuve encore une fois de beaucoup trop de suffisance.
Il faut noter cependant que les joueurs arrivés au mercato hivernal dernier semblent avoir enfin trouvé leurs rôles de cadres au sein de l’équipe. Seko Fofana est sur la bonne voie pour retrouver ses jambes d’antan qui avait fait tant de mal aux défenses adverses lorsqu’il évoluait à Lens. Brice Samba réalise quant à lui un très bon début de saison dans les cages. Il a notamment préservé le score contre Marseille et Lyon et a arrêté le penalty de Abline face à Nantes qui aurait du offrir la victoire aux rouges et noirs.
Le Stade Rennais semble en ce début de saison manqué de beaucoup trop d’ingrédients pour espérer pouvoir atteindre les objectifs européens qui doivent être les siens chaque année. Si les résultats et le jeu ne viennent pas rapidement à s’améliorer, la question du sort de Habib Beye sera sûrement vite évoquée.
Un entraîneur sur la sellette ?
Les sifflets adressés à l’ensemble de l’équipe suite à la piteuse performance contre Lens démontre un ras-le-bol de plus en plus généralisé du public. Après deux années ratées, les supporters attendent une véritable réaction du club lors de cet exercice. Mais le début de saison montre une stagnation de l’équipe et la légitimité de Habib Beye à la tête de l’équipe première risque de vite faire débat.
Son manque d’expérience au haut niveau ne joue pas en sa faveur. Entraîneur du Red Star durant 3 saisons, il a permis au club francilien de retrouver le monde professionnel en étant promu en Ligue 2 en 2024-2025. Mais sa carrière d'entraîneur s'arrête ici. Avant de devenir entraîneur du Stade Rennais à l’hiver dernier, il n’avait jamais dirigé une équipe au plus haut niveau.
Il a le mérite d’avoir réussi la mission pompier pour laquelle il a été recruté mais il peine aujourd’hui à imposer une véritable touche personnelle. Il faudra peut-être s’avérer patients. Lors du début d’exercice 2021-2022 des critiques émergaient à l’égard de Bruno Génésio après un bilan de seulement 5 points en 6 journées. Il a su pourtant faire taire ces critiques en relevant l’équipe et en la lui permettant de réaliser l’une des meilleures saisons de l’histoire du club.
Les prochains matchs qui s'annoncent s’avèreront donc décisif pour Habib Beye qui pourrait bien voir son expérience en Bretagne écourté en cas de nouvelles contre-performances.