Alors que le collège des présidents de Ligue 1 et le conseil d’administration de la LFP ont décidé de mettre fin à leur contrat avec DAZN, l’avenir des droits TV du championnat de France reste incertain. Canal+, beIN Sports, Netflix ou même une chaîne 100 % Ligue 1 gérée par la LFP : quelles solutions s’offrent aux dirigeants ? Explications.
C’est la chronique d’un divorce annoncé. Alors que la médiation engagée avec DAZN touche à sa fin, la Ligue de football professionnel (LFP) a enclenché une rupture anticipée du contrat liant les deux parties. Ce mardi, le collège des présidents de Ligue 1 puis le conseil d’administration de la LFP ont acté leur volonté de mettre un terme à l’accord, ouvrant la voie à une fin précipitée après seulement quelques mois de collaboration. Détentrice de huit des neuf affiches de Ligue 1 chaque week-end pour 400 millions d’euros par an jusqu’en 2029, la plateforme DAZN n’a versé qu’une partie de l’échéance de janvier, dénonçant le manque de coopération de certains clubs et des conditions d’exploitation plombées par le piratage. À l’heure où le produit Ligue 1 souffre d’une dévalorisation croissante, la LFP doit désormais trouver rapidement des alternatives viables.
Face à l’échec du partenariat avec DAZN, plusieurs scénarios sont à présent à l’étude pour assurer la diffusion du championnat dès la saison prochaine. Selon Le Parisien, si le conseil d’administration a exprimé sa volonté de rompre le contrat, « rien n’est toutefois effectif pour l’instant puisqu’un accord doit être trouvé ». L’expert en droits tv sportifs Pierre Maes, interrogé par le quotidien, rappelle que « pour le moment, cette décision n’engage qu’eux. Ça ou rien, c’est la même chose ». Deux options sont envisagées : revendre les droits à un autre acteur, ou lancer une chaîne 100 % Ligue 1, un projet soutenu par Vincent Labrune et Joseph Oughourlian. Mais les risques sont nombreux : « mettre des choses à l’écran, ce n’est pas difficile, mais recruter et conserver des abonnés, c’est extrêmement difficile », avertit Pierre Maes. Sans oublier les dépenses lourdes en production et marketing, qui nécessiteraient de nombreuses années avant de devenir rentables.
Prime Video, Apple TV ou Netflix dans la course ?
Comme le précise L’Équipe, Amazon Prime Video, ancien diffuseur de la L1, ne souhaite pas revenir en force sur ce marché après trois saisons non rentabilisées. Netflix n’a eu « aucun échange avec la LFP » et débute à peine dans le sport en direct aux États-Unis. Quant à Apple TV, elle reste très discrète sur le sujet. Dès lors, l’alternative d’une chaîne dédiée à la Ligue 1 revient avec plus de poids. Toujours selon le quotidien sportif, le projet prévoirait de centraliser les dix matchs sur une seule plateforme, avec un coût de lancement estimé à 55 millions d’euros pour la première saison. Le scénario optimiste présenté à l’été 2023 tablait sur 1,8 million d’abonnés dès la première saison, pour générer 553 millions d’euros de recettes.
Ce projet de chaîne pourrait s’articuler autour d’un partenariat avec la plateforme Max, propriété de Warner Bros Discovery. L’Équipe révèle que l’idée serait de proposer un abonnement à 27,99 € par mois, incluant les matchs de Ligue 1, des films, des séries et les contenus Eurosport. Warner ne porterait pas le risque financier, se contentant de récupérer environ 5 € par abonné, tandis que la commercialisation serait assurée par LFP Media. Une autre piste consisterait à s’appuyer sur Canal+ comme distributeur et agrégateur. La chaîne cryptée, forte de sa puissance marketing, pourrait proposer la Ligue 1 sans payer de droits, mais en générant des abonnements profitables pour tous. Un compromis qui, selon L’Équipe, permettrait à la LFP de stabiliser ses revenus tout en contrôlant sa propre vitrine.
L’option Canal+ et beIN Sports
Canal+, diffuseur historique de la Ligue 1, apparaît comme un recours naturel, mais son président Maxime Saada a plusieurs fois rappelé que les conditions actuelles ne s’y prêtent pas, notamment pour des raisons économiques (la chaîne débourse déjà près de 480 M€ par saison pour les Coupes d’Europe, 90 M€ pour la F1 et plus de 250 M€ pour la distribution exclusive de beIN Sports, NDLR). Diffuseur d’une affiche de Ligue 1 chaque week-end, beIN Sports ne semble pas, à ce stade, disposé à élargir son engagement. Contacté par RMC, le groupe a toutefois précisé : « beIN a un contrat avec la LFP, comprend ses obligations et les honorera en tant que diffuseur responsable et en soutien du football français, comme il le fait depuis plus d’une décennie. » Une histoire qui n’a donc pas fini de faire couler de l’encre.