Pour la première de Jorge Sampaoli, dimanche à Lille, Rennes a montré quelques signes naissants de solidité, mais n'a jamais créé de danger. Il ne compte plus que 1 point d'avance sur la 17e place.
Pour les adeptes des data et les plates-formes qui les répertorient, voilà une donnée qu'il serait peut-être opportun d'envisager : dans le flot de stats disponibles en après-match, pourquoi ne pas enregistrer les kilomètres parcourus par les entraîneurs le long de la ligne de touche ? On ne sait pas si ce serait d'une grande utilité, mais il fait peu de doutes que, dans ce domaine, Jorge Sampaoli apparaîtrait comme l'un des leaders de la Ligue 1. Bonnet vissé jusqu'aux paupières dimanche, l'entraîneur rennais n'a eu de cesse de tourner comme un lion en cage dans sa zone technique, et même en dehors, quitte à se faire rappeler à l'ordre par un officiel.
Dès le coup d'envoi, il a donné de la voix, rappelé des joueurs au moindre arrêt de jeu, les a replacés le cas échéant, et il a multiplié les gestes avec les bras pour indiquer à l'arbitre qu'il y avait faute ou hors-jeu en faveur de son équipe. Toujours avec cette énergie qui fait sa marque de fabrique.
Mais Sampaoli le sait, il va lui falloir insuffler beaucoup plus que son dynamisme pour relancer ce Stade Rennais qui fait peine à voir. Dimanche, d'après lui, son équipe a bien rivalisé avec le LOSC (0-1), même si l'on peut se demander si les Dogues n'ont pas cherché à garder des forces avant leur déplacement européen à Bologne, mercredi. "Avant le match, nous avons beaucoup travaillé l'aspect défensif, le but était d'éviter d'être désordonnés et ç'a plutôt bien fonctionné, a relevé le coach sud-américain, désireux de mettre du positif en avant. Pour moi, on a fait jeu égal avec Lille et ce match est un bon point de départ. Mais il va nous falloir du temps pour trouver les solutions afin d'être plus dangereux."
C'est justement là que se situe le principal enseignement de cette rencontre. Au-delà de la défaite à Lille, qui est loin d'être une honte en soi - le LOSC n'a plus perdu face à Rennes depuis 11 matches -, le Stade Rennais version Sampaoli devait envoyer un premier message dans le contenu. Et s'il a plutôt bien défendu, dans un 5-4-1 compact et discipliné, il n'a rien montré offensivement dans ce match au plus faible total d'expected goals des cinq grands Championnats européens cette saison (0,58).
Il va falloir que ça prenne rapidement pour sortir de cette zone.
Lorenz Assignon, défenseur de Rennes
Lucas Chevalier n'a eu qu'un arrêt à faire, sur un timide coup franc direct d'Albert Gronbaek dans ses bras (7e). C'est tout. "On savait que le coach n'allait pas pouvoir tout révolutionner du jour au lendemain, a affirmé le capitaine, Steve Mandanda. Il nous a dit qu'on était sur le bon chemin. Ça ne va pas être simple, mais il y a eu des choses positives." C'est aussi l'avis de Lorenz Assignon : "Le nouveau coach essaie d'insuffler quelque chose, avec des grosses bases à mettre en place, et il va falloir que ça prenne rapidement pour sortir de cette zone."
Cette zone, c'est celle de la lutte pour le maintien, devenue le quotidien des Rennais qui ne comptent ce matin plus qu'un point d'avance sur Angers, avant-dernier de L1, et qui n'ont plus marqué depuis trois matches et demi (1-0 face au Havre, le 25 octobre). Sampaoli cherche donc à créer du danger ? Dimanche, il a donné quelques indices sur ce qu'il souhaitait faire. Il a laissé sur le banc Jota et Ludovic Blas, deux joueurs qu'il voit exclusivement comme des ailiers, et s'est appuyé sur un double pivot Azor Matusiwa-Glen Kamara placé derrière le trio Albert Gronbaek-Arnaud Kalimuendo-Amine Gouiri. Mais aucun d'eux n'a donné satisfaction. Le travail ne fait que commencer, et Sampaoli a pu mesurer que sa tâche serait ardue.
