Quatre supporters ultras du PSG ont été arrêtés, mardi 1er février 2022, en région parisienne par des gendarmes rennais. Placés en garde à vue à Rennes, ils sont soupçonnés d’avoir agressé en septembre, près de Rennes, un supporter du Stade Rennais, membre du groupe ultra Roazhon Celtic Kop, pour lui voler la bâche « totem » du RCK.
Dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 septembre 2021, après le match entre le Stade Rennais et Clermont-Ferrand de Ligue 1, un membre du Roazhon Celtic Kop – les supporters ultras des Rouge et Noir – était violemment agressé chez lui vers 1 h. Les agresseurs avaient un objectif : voler la bâche totem du RCK, un acte considéré comme l’humiliation ultime dans le milieu des ultras.
« Un guet-apens »
Après le vol, vendredi 25 septembre, le RCK a annoncé sur twitter qu’il suspendait toutes ses activités en tribune et en dehors, pour une durée indéterminée. La raison : Le vol de la bâche domicile dans des circonstances dignes d’un guet-apens sur l’un de nos membres et qui portent directement atteinte à la sécurité de sa famille.
Le Stade Rennais, solidaire de ses supporters, avait aussi réagi dans un communiqué : Le club adresse tout son soutien à la victime et condamne tout acte de violence. L’ensemble du Stade Rennais espère un retour rapide de l’association au Roazhon Park pour encourager les Rouge et Noir.
Finalement, après des rumeurs de dissolution, le RCK a annoncé son retour pour animer les tribunes à l’occasion de la venue de Nice le 13 décembre. Un silence des ultras Rennais qui aura duré quasiment trois mois.
Un contexte de violences dans les stades
L’affaire du vol de la bâche à Rennes, dans un contexte national de violences dans les stades, est suivie de près par le ministère de l’Intérieur. Le lundi 4 octobre 2021, le parquet de Rennes ouvre une enquête pour vol aggravé.
Pourtant aucune plainte n’a été déposée, car, dans le milieu des ultras, ces affaires se règlent entre ultras. Les investigations sont confiées à la brigade de recherche de la gendarmerie de Montfort-sur-Meu, secteur où le vol s’est produit.
Quatre ultras parisiens arrêtés
Les gendarmes commencent une enquête discrète et minutieuse. Des ultras du PSG sont dans le viseur dès le départ, mais l’enquête dans le milieu des ultras s’avère très compliquée.
Une vingtaine de gendarmes bretons sont mobilisés pour tenter de retrouver les auteurs présumés. Après quatre mois d’enquête, quatre hommes, des ultras du PSG proches des milieux d’extrême droite, sont identifiés.
60 gendarmes
Mardi 1er février, à 6 h, une vingtaine de gendarmes de Montfort, accompagnés par une quarantaine d’autres militaires d’unités parisiennes, procèdent, quasiment en même temps, à l’arrestation, en région parisienne, de quatre hommes âgés d’une trentaine d’années.
Après les perquisitions, qui ne permettent pas de retrouver la bâche, les quatre hommes sont ramenés à Rennes pour être placés en garde à vue pour extorsion avec violences.
Des ultras du PSG du groupe Karsud ?
Contacté, le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc, précise que l’enquête des gendarmes a permis d’identifier les quatre mis en cause « comme faisant partie du groupe Karsud, entité créée en 1993 et composée d’une quarantaine de personnes supportant le PSG. Il s’agissait d’une structure ultra dont les membres, depuis la saison 2017-2018, n’assistaient plus aux matchs du PSG ».
Le procureur ajoute que les ultras ont été interpellés « en quatre lieux différents (départements 78, 91 et 93). Ils sont âgés entre 28 et 30 ans. Trois sont connus de l’institution judiciaire. Deux des mis en cause ont reconnu avoir été présents sur les lieux et avoir pris, sans violence, les sacs de sport et deux autres ont expliqué avoir fait l’aller-retour Paris-Rennes, mais sans préciser ce qu’ils y avaient fait. Ils ont contesté faire partie du groupe Karsud, précisant simplement graviter autour ».
Déférés ce jeudi 3 février
Ce jeudi 3 février 2022, les quatre hommes seront déférés devant le parquet de Rennes. Le procureur conclut en précisant qu’aucun comportement violent ou propre à générer de la violence ne sera toléré. Les gendarmes voulaient intervenir avant le match PSG-Stade Rennais du vendredi 11 février, à Paris.
Le vol de la bâche domicile : « L’humiliation ultime »
Interrogé début octobre, Sébastien Louis, historien, spécialiste de la mouvance ultra en Europe et auteur du livre « Ultras les autres protagonistes du football », expliquait que la bâche domicile est l’objet le plus sacré pour un groupe ultra, c’est le symbole de son identité. On l’exhibe comme un régiment arbore son drapeau. Se la faire voler, de quelque manière que ce soit, est l’humiliation ultime. Voler une bâche c’est s’attaquer à un symbole sacré. C’est littéralement mettre son adversaire à terre. Même l’agression violente d’une dizaine de membres lors d’une bagarre entre deux groupes, ne serait rien comparée à la perte d’un matériel qui doit être protégé à tout prix.