Grand animateur de ce début de mercato d’hiver, le Stade Rennais est lancé dans un mois de janvier déterminant pour l’issue de sa saison. Renforcer très fortement l’équipe est indispensable pour sauver la saison avec des joueurs d’envergure et une enveloppe financière importante.
"Dans l’idéal, en tant qu’entraineur, j’aimerais un joueur par ligne." Interrogé la semaine dernière en conférence de presse, Jorge Sampaoli n’a pas caché ses besoins. Le Stade Rennais, désormais 13e de Ligue 1 à deux points seulement du barragiste, n’y arrivera pas sans recrues. Si Seko Fofana est arrivé vite et a joué ses premières minutes avec les Bretons lors de la défaite à Nice vendredi dernier (3-2), l’entraineur argentin plaide auprès de sa direction pour avoir un gardien, un défenseur central pour remplacer Alidu Seidu victime d’une rupture des ligaments croisés, un autre milieu de terrain "physique pour coller à notre idée de jeu", et un attaquant qui serait placé en interne en haut de la liste des priorités.
Mais Sampaoli le sait, il n’aura sans doute pas tout pour une raison simple: le profil des renforts recherchés. Car Rennes vise des joueurs d’envergure, "de la qualité pas de la quantité" dixit Sampaoli, "des joueurs qui peuvent apporter, avoir un impact immédiat" et "qui s’engagent trois ou quatre ans".
De la qualité plus que jamais car pour ce qui est de la quantité, le Stade Rennais a été servi l’été dernier. Le premier mercato du directeur sportif Frederic Massara et ses onze nouveaux joueurs est pour le moment un échec, qui nécessite quatre mois plus tard un important correctif.
Le salaire annoncé de Fofana "totalement hors des réalités"
Le recrutement estival porté sur des recrues étrangères à des prix parfois élevés avait déjà été questionné dès la fin de l’été. Le club se défendait en certifiant que ce choix était avant tout subi, que la priorité avait été donnée aux dossiers menant à des joueurs établis de Ligue 1 (Lees Melou, Mbemba, Veretout…) que le marché estival très compliqué économiquement avait fait capoter.
Quatre mois plus tard, le club espère cette fois y arriver en mettant les moyens qu’il faut. La capacité d’investissement est très importante comme le prouve déjà le rapatriement en Ligue 1 de Seko Fofana pour un transfert estimé à 20 millions d’euros, et un salaire très conséquent... qui serait toutefois loin des chiffres astronomiques qui ont circulé. 700.000 euros, une somme "totalement hors des réalités de ce que peut faire le club", assure une source proche de l’institution rennaise. Le club qui serait par ailleurs, selon nos informations, agacé de la fausse image renvoyée par ces montants d’un Stade Rennais qui flamberait.
L’investissement sur Fofana est pour autant loin d’être anodin et reste un mouvement d’ampleur inhabituel financièrement pour un club comme Rennes. Il devrait faire de l’ancien Lensois l’un des joueurs le mieux payé de l’histoire du club qui plus est sur un contrat longue durée signé jusqu’en 2029. Le transfert de Brice Samba qui devrait suivre – les deux clubs continuent les négociations après un stop dans les échanges en fin de semaine dernière – pour un montant jusqu’à 15 millions et un salaire là-aussi très important va dans le même sens, mais le jeu en vaut la chandelle pour les dirigeants rennais, convaincus que pouvoir recruter le gardien numéro 2 des Bleus dès cet hiver est une opportunité qui ne peut se laisser passer. Autre joueur visé lui-aussi nécessitant beaucoup d’argent: le Marseillais Valentin Rongier. Mais comme révélé la semaine dernière par RMC Sport, l’OM ferme la porte, ce que Roberto De Zerbi a ensuite dit clairement.
Plusieurs recrues de l’été déjà sur le départ
Qui impulse le mercato rennais? D’abord, l’actionnaire - à savoir la famille Pinault - bien sûr. Lors des échanges précédant sa venue sur le banc rennais, Jorge Sampaoli avait questionné ses interlocuteurs sur la capacité du club à investir cet hiver pour renforcer l’équipe et avait reçu des garanties dans ce sens. Dont acte. Cas rare en Ligue 1, le Stade Rennais n’est pas un club en danger financièrement grâce à son propriétaire mais aussi à une balance des transferts achats-ventes très positive ces dernières années (+90 millions d’euros estimés sur les deux dernières saisons). Le club rennais veillait en revanche jusque-là à garder une grille salariale équilibrée, contrairement à ce que laissent supposer les premiers mouvements de cet hiver.
Autre homme impulsant le mercato rennais: le président Arnaud Pouille, en première ligne sur la venue de Seko Fofana et le dossier Brice Samba. Le lien entre ces derniers et l’ex-directeur général lensois est évident. La situation sportive des Rennais mettant le club en situation d’urgence pour se renforcer, il fallait absolument aller vite et faire marcher ses connexions. "Pas très original", "cher et risqué" entend parfois autour du club. Le dirigeant rennais croit surtout à des choix efficients.
Quid de Frederic Massara? Si le travail du directeur sportif est logiquement remis en question après un premier mercato manqué, l’ancien Milanais, conscient de ses erreurs, reste à la manœuvre, assure-t-on, pour trouver des solutions. Et il y a du boulot. Les dirigeants rennais s’attendent à être sur le pont jusqu’à la dernière minute de ce mercato le 3 février. Avec aussi la question des départs à gérer, car l’effectif breton est trop large. Pour des arrivées, il faut aussi faire de la place. Des recrues estivales de Massara pourraient déjà faire leurs valises, à l'image de Jota, Ahamada, Meister ou Kamara...