Le talent d’Ousmane Dembélé sur le terrain fait l’unanimité. Mais son attitude au quotidien est très critiquée à Barcelone. Comment se comportait le jeune ailier quand il évoluait à Rennes ?
Vous souvenez-vous de cette délicieuse sensation de découverte, de cette certitude que quelque chose d’unique était en train de naître ? Voilà ce que suscitaient les premiers pas d’Ousmane Dembélé en pros avec le Stade Rennais. Qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Des fulgurances mais, pour le moment, un goût de trop peu.
« Moi, j’aime les joueurs qui jouent, fiables, confie Pierre Dréossi, directeur sportif du Stade Rennais à l’arrivée de Dembélé, alors âgé de 13 ans, en 2010. Il est souvent blessé, souvent absent, souvent ça… Cela n’enlève rien à son talent. Mais c’est ce que je reproche pour l’instant à sa carrière. »
Douze ans plus tard, cette dernière semble dans l’impasse. Du moins du côté du FC Barcelone. L’ailier de 24 ans, en fin de contrat en juin, aurait refusé à la fois d’être transféré et de renouveler son contrat cet hiver. Fin janvier, le directeur sportif barcelonais Mateu Alemany l’avait même exhorté à « partir immédiatement ».
Pouvait-on s’attendre à cette situation scabreuse quand le natif de Vernon foulait les terrains de la Piverdière puis la pelouse du Roazhon Park ? Et, surtout, pouvait-on prévoir toutes les critiques que l’on entend de l’autre côté des Pyrénées : manque d’implication et de professionnalisme, retards récurrents, mauvaise hygiène de vie, etc. ?
Pas plus de problèmes qu’un adolescent chez ses parents
Pas vraiment, à écouter ceux qui l’ont côtoyé dans la capitale bretonne, notamment Patrick Rampillon, alors directeur du centre de formation rennais où Dembélé a évolué entre ses 13 et ses 18 ans : « C’était un garçon très doux, introverti. Il a vécu avec une maman et un papa qui étaient séparés. Il avait une autonomie de vie et une certaine liberté, mais une fois arrivé chez nous, il a respecté le cadre. On n’a pas eu de problèmes majeurs. Pas plus qu’un adolescent chez ses parents, pas plus que d’autres. »
Pas de soucis non plus une fois dans le giron pro en juin 2015, se remémore Rolland Courbis, son coach de janvier à mai 2016 : « C’était un jeune d’aujourd’hui, super sympa, copain avec tout le monde, un petit peu insouciant. Avec moi, pas l’ombre d’un problème. » Seulement quelques sautes de concentration, se rappelle l’ex-entraîneur de l’OM : « Quand tu discutes en tête à tête avec lui, il t’entend mais je ne sais pas s’il t’écoute (rires). Si tu lui demandes de répéter ce que tu viens de lui dire, pas sûr qu’il se souvienne de tout ! »
Ça ne doit pas être quelqu’un de tout mauvais quand même…
Ces témoignages positifs ne correspondent pas aux échos venus de Catalogne depuis 2017. Le professionnalisme d’Ousmane Dembélé se serait-il à ce point dégradé ? « Certains garçons, quand ils sont dans un cadre bien précis, arrivent à s’épanouir », analyse Patrick Rampillon. Pierre Dréossi ajoute : « Il a eu une évolution très rapide, peut-être trop rapide. L’argent, les transferts, la notoriété, ça change vite un homme. »
Le champion du monde 2018 payerait surtout son statut de remplaçant annoncé de Neymar : Dembélé a été acheté 105 millions d’euros (plus 40 de bonus) en 2017 par le FC Barcelone. « Il n’est pas le seul jeune de cette époque à arriver en retard à l’entraînement, rappelle Rolland Courbis. On en parle plus quand c’est un joueur talentueux que quand c’est un joueur lambda. Après, il y a eu un montant de transfert astronomique et, derrière ça, à six mois de son contrat, le gars, qui a joué un match sur deux, ne veut pas prolonger… C’est une position délicate ».
Les raisons de ses blessures - il y en a eu une quinzaine depuis son arrivée chez les Blaugranas - cristallisent les critiques. « Ce qui lui est reproché, c’est de s’être blessé assez souvent compte tenu d’un manque de récupération et de sommeil. Je crois savoir que beaucoup de choses ont été améliorées ces derniers temps », confie Rolland Courbis.
« Qui n’a pas été en retard une fois, qui ne s’est pas mal alimenté ? demande Patrick Rampillon. Connaissant son histoire de vie, on pouvait comprendre et on essayait de lui faire comprendre (à Rennes). Maintenant, il y a des problèmes (à Barcelone) mais il est contacté par des clubs qui disputent la C1, ça ne doit pas être quelqu’un de tout mauvais quand même… »