Pour clôturer la saison, que le Stade Rennais vient de terminer à la quatrième place, synonyme de cinquième qualification européenne de rang, Bruno Genesio a appuyé sur la réussite d’un collectif, bien plus que sur son titre de meilleur entraîneur de Ligue 1.
Quel regard portez-vous, à froid, sur cette saison ?
C’est une très bonne saison. Évidemment, on peut toujours dire qu’on aurait pu faire mieux. Mais on est à notre place. Même si on prend les budgets, on est au-dessus de notre place. On a généralement ce qu’on mérite sur 38 matchs. On a eu des moments exceptionnels en termes de jeu, de scores, de buts marqués, mais on a aussi eu trop de moments faibles qui ne nous ont pas permis d’avoir un meilleur classement. Je pense à certains matchs perdus, où on aurait pu ou dû gratter des points qui nous auraient permis d’être avec Marseille. Mais c’est une belle performance.
Quatrième, c’est donc la place du jeu…
On ne s’est jamais renié, oui. On a continué à jouer cette philosophie et c’est ça qui nous a aussi coûté des points. Il faut garder ça et corriger ce manque de maturité. Pour cela, il faut, dans l’effectif, ramener un peu plus d’expérience, à certains postes clés. On va continuer à jouer de la même manière, en essayant de presser le plus haut possible, avec des joueurs capables de répéter les efforts. Ça, dans le profil des cibles du mercato, ce sera un critère très important. On devra mieux gérer nos temps faibles, on doit savoir rester, parfois, plus bas sur le terrain, pour savoir résister à la pression de l’adversaire. Il y a des réflexions en cours sur le poste de gardien, oui, comme à d’autres postes.
Des joueurs comme Bourigeaud, Terrier et Aguerd risquent d’être « attaqués », comment les garder ?
Notre premier gros travail est de conserver une ossature de cette équipe qui a bien fonctionné. Ça passe par des discussions avec ceux qui peuvent être sollicités. On sait que ce n’est jamais bon de retenir quelqu’un contre son gré. On peut lutter contre certains clubs, sportivement et financièrement. À nous de préparer la transition, au cas où… Pour l’heure, il n’y a rien. Parfois, on pense que c’est mieux ailleurs, mais le club est en train de grandir, avec cette cinquième qualification européenne consécutive, ça commence à parler… Ceux qui ont fait une très bonne saison peuvent encore progresser au Stade Rennais, même si on y est depuis plusieurs saisons. On n’est pas dans un club qui ne stagne pas, mais qui a une courbe ascendante ! C’est important pour les joueurs d’avoir ça en tête…
Un mot sur votre avenir…
Il me reste un an de contrat. Mon job est donc de préparer la saison prochaine, du mieux possible. Je suis bien ici, j’ai la chance de travailler dans un contexte favorable, avec des gens qui me font confiance, que ce soit la famille Pinault, le président Holveck et Florian Maurice, avec lequel j’ai une relation professionnelle et personnelle très forte. On sait la difficulté parfois de travailler en binôme dans les clubs… Je n’ai pas un climat tranquille, on a la pression évidemment, mais un climat où on peut se dire les choses : je suis complètement épanoui ici ! Ce que je viens de dire pour les joueurs est valable pour moi. Oui, je peux être sollicité, mais on doit peser ce qu’on a, ce qu’on pourrait avoir… Je ne suis pas carriériste. Je privilégie le sportif mais le côté humain compte aussi. Je ne me sens pas capable d’aller dans un club où je n’aurai pas de relations correctes avec mes proches collaborateurs. Prolonger ? Je souhaitais d’abord finir la saison, me concentrer sur mon travail. Ça demande beaucoup d’énergie de coacher pendant onze mois. Ce qui m’intéresse, c’est de faire progresser l’équipe, le club. Aujourd’hui, j’ai besoin des réponses à des questions qui me paraissent très importantes. J’ai envie de m’engager pour un projet qui peut encore me faire avancer ! C’est mon état d’esprit. On va entamer ces discussions maintenant.
Comment avez-vous reçu le titre de meilleur entraîneur de L1 ?
Je dis souvent que les récompenses individuelles ne sont pas les plus importantes, mais qu’elles viennent valider un travail collectif et que ce n’est jamais l’inverse. Si on met l’intérêt personnel avant, jamais l’objectif collectif n’est atteint. C’est valable pour moi, comme pour d’autres joueurs, Terrier, Bourigeaud ou encore Laborde. On est toujours récompensé par l’intérêt collectif. C’est une fierté évidemment, puisque ce sont mes pairs qui ont voté. C’est le plus valorisant, mais ça reste anecdotique, ce n’est pas le plus important. La meilleure manière d’avancer est d’être au milieu de ses joueurs, pas au-dessus d’eux, dans les bons comme les moins bons moments. C’est ma façon, il y en a d’autres.