Depuis son départ dans un contexte chaotique, aucun entraîneur n’affiche un meilleur bilan que Bruno Genesio à Lyon. L’actuel entraîneur du Stade Rennais retrouve son club de toujours, qui vient d’accueillir Laurent Blanc, cette semaine pour un nouveau cycle.
Jean-Michel Aulas s’est affiché en président "heureux", qui a "toujours rêvé d’avoir Laurent Blanc comme entraîneur de l’OL". Fier d’avoir rapatrié l’ancien entraîneur de Bordeaux (2007-2010) et du Paris SG (2013-2016), le dirigeant historique lyonnais a toutefois évité certains chiffres, mardi, lors de la présentation officielle.
Depuis la saison 2019-2020, Aulas a intronisé quatre entraîneurs différents, soit autant que sur les neuf années précédentes. Le tout pour des résultats indignes du standing d’un club septuple champion de France au début des années 2000 : deux fois hors du top 5 (8e et 7e (1)) et une quatrième place. Une véritable anomalie lorsque l’on replonge dans les discours d’un temps pas si ancien.
Passer à la vitesse supérieure avec Sylvinho
Il faut juste revenir à l’été 2019, quand Bruno Genesio, l’actuel entraîneur du Stade Rennais, laisse l’OL à la troisième place de Ligue 1, mais est contraint de céder sa place après un bilan plus qu’honorable (2), affecté par une grogne populaire de plus en plus virulente, jusqu’à recevoir des menaces de mort.
Le président de Lyon marque alors une rupture et nomme Sylvinho à la tête du club, avec l’avis déterminant de son compatriote de directeur sportif, Juninho, nouvellement en place. Il devient le premier entraîneur étranger du club en 32 ans "On prend des risques mais on le fait pour passer la vitesse supérieure", argumente alors JMA. Trois mois plus tard, le jeune coach prend la porte, faute de résultats et après une défaite dans le derby face à Saint-Etienne (0-1).
"Il n’avait pas un énorme passé d’entraîneur, donc ce n’était pas vraiment passer ‘‘la vitesse supérieure’’ avec Sylvinho. La décision était surtout celle de faire revenir une icône (Juninho) et lui laisser les coudées franches", résume Patrice Ferri, ancien Lyonnais et consultant beIN Sports.
Bosz a voulu aller trop vite avec un effectif pas prêt
Champion de France avec Lille en 2010, Rudi Garcia succède alors à Sylvinho sur le banc lyonnais et se distingue par des coups d’éclat, comme cette demi-finale de Ligue des champions, en 2020, lors du Final Four de Lisbonne (défaite face au Bayern Munich après avoir éliminé la Juventus et Manchester City). Mais ses mauvaises relations avec Juninho, son manque de remise en question et son échec à ramener l’hymne de la C1 au Groupama Stadium lui sont fatals à l’été 2021. "Son bilan n’est pas mauvais, son éviction est plus liée au relationnel qu’au comptable", analyse Ferri.
C’est alors que l’OL confie, à nouveau, son destin à un entraîneur étranger, avec Peter Bosz, ancien de l’Ajax ou de Dortmund notamment. Mais une huitième place et un manque de progression dans le jeu font du Néerlandais le premier entraîneur évincé cette saison en Ligue 1. Pour Patrice Ferri, "c’est un garçon de convictions, mais il a voulu aller trop vite avec un effectif qui n’était pas prêt".
En parallèle, Bruno Genesio (56 ans) estime avoir progressé comme entraîneur et mène avec succès le Stade Rennais depuis mars 2021. "On peut constater que le changement d’ère, à Lyon, n’a pas fonctionné, note Ferri. Et lui (Genesio), en restant à sa place et conscient de son potentiel, a fini meilleur entraîneur, nommé par ses pairs (en 2022)". Deux drôles de trajectoires.