À l'image de Brest, des promus stéphanois et auxerrois, ou encore du Havre et de l'OM qui ont battu leur record historique d'abonnés, la majorité des clubs de Ligue 1 enregistrent une hausse de leurs encartés cet été.
Les tribunes ne connaissent pas la crise. Malgré un mercato au ralenti, plombé par la baisse des droits télé, un rayon de soleil éclaire les stades français à l'orée de la reprise du Championnat. Tandis que, la saison dernière, les clubs de L1 affichaient un parc moyen de 17 200 abonnés (en progression de 19 % par rapport à 2022-2023), la tendance s'inscrit encore à la hausse, alors même que les campagnes de recrutement ne sont pas toutes terminées. Dans la torpeur estivale, plusieurs records d'abonnements sont tombés, malgré une légère hausse globale des tarifs.
Sans surprise, la dynamique sportive rejaillit sur les recrutements, à commencer par Brest, surprenant 3e la saison dernière, qui a explosé son record d'abonnés : limité par la capacité de Francis-Le Blé (15 220 places), le club breton, qui avait fixé un plafond à 10 000 cartes, a finalement poussé les murs pour en accueillir 10 135.
Les promus sont aussi à la fête. Après deux ans de purgatoire, le retour en L1 de l'ASSE et l'espoir d'une nouvelle ère florissante sous le pavillon du groupe canadien Kilmer Sports Ventures entraînent une ferveur inédite dans le Chaudron : avec plus de 19 500 abonnés, les Verts ont déjà pulvérisé leur record historique. Il y a deux ans, après dix saisons à végéter en L2, Auxerre avait établi son record d'abonnés (10 000) pour ses retrouvailles avec la L1. Cette fois, l'AJA n'est restée qu'un an à l'étage inférieur mais sa remontée immédiate a conquis 12 000 fidèles. Ce record aurait encore pu grimper, mais le club bourguignon a stoppé sa campagne vingt-quatre heures après l'ouverture de la vente au grand public, expliquant vouloir « laisser environ 4 000 places à la vente » aux spectateurs occasionnels de l'Abbé-Deschamps.
Douze mille, c'est également la barre d'abonnés fixée par Le Havre, qui a haussé la jauge de mille sésames par rapport à la saison passée, effaçant ainsi le record établi pour la remontée en L1 (11 000). « Nous avons accordé une prime de fidélité en accordant un tarif préférentiel à ceux qui étaient déjà abonnés en L2, et gelé les prix pour les abonnés de la saison dernière », indique Nicolas Scamtamburlo, responsable de la billetterie du club normand. Résultat : 90 % de taux de réabonnement, avant que les 2 000 nouveaux abonnements ouverts ne soient écoulés en une journée. L'incertitude sur le futur diffuseur de la L1 a aussi joué sur la grille tarifaire, précise Scamtamburlo : « Comme on évoquait un prix de 30 à 40 euros par mois pour DAZN (29,99 euros finalement), on s'est dit qu'en proposant des places pour une quinzaine d'euros, cela pourrait inciter les supporters à venir au stade Océane. » Ainsi, avec le prix d'appel pour les nouveaux abonnés (180 euros en kop nord, derrière le but), la place revient à 10,60 euros.
À Marseille, les chiffres continuent de s'affoler. Malgré une médiocre 8e place lors du dernier exercice où il a multiplié les guichets fermés, l'OM, privé d'Europe, attire toujours les foules et s'apprête à effacer son record établi la saison dernière (48 000) : l'Orange Vélodrome devrait dépasser 49 000 abonnés, prêts à s'enflammer pour le projet de jeu de Roberto De Zerbi. « Ce nouveau record sera la jauge maximale pour les saisons à venir », précise le club phocéen, soucieux de garder un volume de places pour les supporters occasionnels.
Orphelin de Kylian Mbappé parti pour le Real Madrid, le PSG fera encore le plein d'abonnés cette saison, avec un Parc des Princes qui affiche guichets fermés sans discontinuer depuis août 2017 : le plafond, toujours fixé à 36 000 par le club, a été rapidement atteint, avec un taux de réabonnement à 98 %.
Dauphin des Parisiens, Monaco, lanterne rouge des affluences de L1 (7 857 spectateurs en moyenne et un taux de remplissage de 46 %), a innové pour attirer et fidéliser le public à Louis-II. Pour cette saison, qui marque le centenaire du club et ses retrouvailles avec la Ligue des champions après cinq ans d'absence, l'ASM a inséré les quatre matches de groupes de la C1 à domicile dans l'abonnement, et lancé un prix d'appel attractif en tribune Pesage (190 € en réabonnement et 240 € pour les nouveaux abonnés).
« On a vraiment voulu que la fête soit populaire et rassembler le plus grand nombre de fans, en rendant les tarifs très abordables »
Thibaut Chatelard, directeur marketing et des revenus à Monaco
« En intégrant ces quatre matches européens de gala, on arrive à un prix moyen par match nettement inférieur à la saison dernière pour les nouveaux abonnés dans cette catégorie (11,40 € pour 21 matches, 13 € pour 17 matches l'an dernier), détaille Thibaut Chatelard, directeur marketing et des revenus à l'ASM. On n'a pas cherché à hausser les tarifs et à maximiser les revenus avec le retour de la Ligue des champions, on a vraiment voulu que la fête soit populaire et rassembler le plus grand nombre de fans, en rendant les tarifs très abordables. » Un choix gagnant. Les abonnements sont en progression de 30 % par rapport à la saison dernière, particulièrement en Pesage où les chiffres ont déjà plus que doublé.
Les autres engagés en Coupe d'Europe suivent le même engouement. Nice, qui a également inclus ses quatre matches de groupes de Ligue Europa dans son offre d'abonnement, annonce être en avance par rapport à la saison dernière et vise un nouveau record (16 032 abonnés en 2023-2024). Porté par sa qualification au 3e tour préliminaire de Ligue des champions, le LOSC bondit à 30 000 abonnés (+ 16 %), son plus fort contingent depuis dix ans, tout comme l'OL, en progression de 10 % avec 24 000 encartés.
Lens, qui a indexé la hausse de ses tarifs sur l'inflation (+ 4,9 %) conserve une jauge de 29 000 abonnés, correspondant à 75 % de la capacité du stade Bollaert-Delelis. Les Sang et Or ont enregistré un taux de réabonnement de 99,6 %. Contrairement à l'an passé, le club artésien n'a pas ouvert de liste d'attente pour attribuer de nouveaux abonnements « pour ne pas créer de déception ». L'an dernier, 200 sésames avaient été délivrés sur une liste d'attente de 20 000 supporters. La centaine de places libérées sera remise en vente à l'unité par le RCL, qui s'attend à une nouvelle saison à guichets fermés, tout comme l'autre Racing, à Strasbourg, dont les abonnements avoisinent 19 500 fans, soit quasiment la capacité totale de la Meinau en travaux (19 865).
Même du côté de clubs sortant d'une saison décevante, comme Rennes (10e), privé de compétition continentale pour la première fois depuis six ans, et Nantes, qui reste sur une série cataclysmique de dix défaites à la Beaujoire toutes compétitions confondues, les chiffres demeurent stables. Ainsi, les supporters des Canaris sont prêts à s'égosiller en tribune Loire, qui affiche complet (6 500 abonnés).