Pour la deuxième année consécutive, le Stade Rennais ne disputera pas la coupe d’Europe. Pire encore, le club "Rouge et Noir" a même flirté avec la zone rouge, ne devant son salut qu’à un léger redressement en fin de saison suite à l’arrivée d’Habib Beye sur le banc. Le retour des beaux jours n’a donc pas eu lieu et les ambitions, elles, sont restées au placard. Jusqu’à quand ?
Une saison à oublier. Douzième de Ligue 1 à l’issue de l’exercice 2024-25, le Stade Rennais a beaucoup raté et le peuple "Rouge et Noir" n’avait qu’une hâte : que tout cela se termine. Stop au regard dans le rétroviseur, place aux nouveaux espoirs, droit devant, qui ne devront pas rester vains, au risque de rentrer dans le rang un peu plus encore et d’oublier la saveur des soirées européennes, devenues habituelles cinq ans durant et faisant aujourd’hui cruellement défaut…
Pour y regoûter, les chantiers sont nombreux et le SRFC n’a plus le droit à l’erreur, avec un bon quota de jokers grillés sur les derniers mercatos. Grand "artisan" de ceux-ci, avec très peu de succès et beaucoup de fiascos, Frederic Massara a retrouvé le Calcio et l’AS Roma après une petite année où son empreinte restera essentiellement sur le terrain financier. Place sur ce poste stratégique de directeur sportif à un tout autre profil : Loïc Désiré.
Place au dégraissage
Ancien responsable du recrutement du RC Strasbourg entre 2014 et 2025, mais aussi recruteur de l’Ajax Amsterdam entre 2005 et 2014, celui-ci est de retour en Bretagne où il occupa différentes fonctions du côté de Vannes pendant une quinzaine d’années. La mission ne s’annonce pas aisée pour l’ancien adjoint de Stéphane Le Mignan dans le Morbihan. Première certitude, place au dégraissage et aux réparations des dégâts avec un vestiaire à équilibrer.
Pour ce faire, Arnaud Pouille a annoncé, dans Pleine Lucarne sur TV Rennes, souhaiter redescendre à 25 joueurs sous contrat, contre plus de 35 la saison dernière, en comptant les joueurs prêtés. Les recrues, attendues moins nombreuses, devront être de vrais renforts et le recrutement s’orienterait logiquement vers des joueurs "Ligue 1 compatible".
Entourer la jeunesse
Plus de temps pour les paris, et si paris il y a, ils viendront de la pépinière rennaise, titrée pour la quatrième fois en coupe Gambardella et élue quelques semaines plus tard meilleur centre de formation pour la troisième saison consécutive. Si Jérémy Jacquet, Mohamed Meïté ou Djaoui Cissé ont déjà trouvé grâce aux yeux d’Habib Beye, d’autres jeunes vont gratter du temps de jeu la saison prochaine. Lucas Rosier, décisif durant le parcours en Gambardella, fait partie des prétendants légitimes.
Prêté l’année passée à Concarneau, Rayan Bamba devrait lui être la doublure du futur latéral droit titulaire. Aussi brillante soit-elle, la jeunesse ne suffira néanmoins pas pour retrouver un certain standing et celle-ci devra être bien entourée. Un groupe à remodeler dans sa vie interne comme dans son organisation. Pour retrouver de l’allant, la question du dispositif est ouverte. Sur les deux derniers matchs de la saison, contre Nice et à Marseille, l’ancien coach du Red Star s’est essayé à une défense à quatre.
Un test plutôt concluant face aux Aiglons au Roazhon Park avec l’un des meilleurs matchs de la saison mais beaucoup moins au Vélodrome avec une dernière valise avant de partir en vacances. À trois derrière, la base défensive est solide mais souvent au détriment de la percussion offensive… Pas sûr que l’idée séduise un public exigeant, le jeu devant retrouver toute sa place au cœur du projet. Comme souvent, tout sera une question d’équilibre et d’animation.
Enfin de la stabilité ?
Si le secteur défensif semble apporter quelques promesses, à défaut de garanties, tout est à refaire sur les côtés avec les départs de Lorenz Assignon et d’Adrien Truffert. Deux départs importants marquant la fin d’un cycle mais aussi d’une génération formée au club, qui devront être compensés par des arrivées au moins de même niveau. Le flou persiste au milieu de terrain et en attaque où le chantier est aussi vaste avec des départs qui devraient être nombreux. Qui, comment, dans quelle animation, avec le probable départ du meilleur buteur Arnaud Kalimuendo ? Autant de questions qui vont tenir en haleine le peuple rennais tout l’été…
Dernier point à ne pas négliger enfin, le "contexte rennais". Défini par l’ambiance dans et autour du groupe, la confiance, les relations staff-dirigeants et le crédit apporté au projet, il permettra le retour de la ferveur populaire. Après deux saisons sans Europe et une instabilité chronique, entre changements de coach, de dirigeants ou de président, le Stade Rennais doit sortir du tumulte pour retrouver une navigation plus paisible.
Un bon début de saison est indispensable pour offrir un nouveau souffle, porté par Habib Beye dans un autre rôle que celui de pompier de service. En manque d’émotions depuis trop longtemps, les supporters rennais ont été patients et plutôt conciliants, ne rajoutant pas trop d’huile sur le feu malgré la déception d’un championnat raté. Au club désormais de se mettre au diapason. Les moyens sont là, un luxe au regard de la situation du foot français dans son ensemble et ce sont désormais les choix et les actes qui redéfiniront des ambitions forcément attendues à la hausse.
L’Europe, un temps si proche et pourtant déjà si loin…
Rennes ne peut pas se contenter du ventre mou et doit retrouver le niveau qu’il avait mis tant de temps à atteindre. L’Europe ou du moins sa conquête, doit redevenir un quotidien. Dernier souvenir en date, une double confrontation contre le Milan AC avec, d’un côté, un déplacement à plus de 10.000 en Italie, et de l’autre, une victoire au Roazhon Park et un triplé de la légende Benjamin Bourigeaud. Un temps que les moins de 20 ans connaissent sur le bout des doigts, un temps si proche et pourtant déjà si loin…
Bien trop proche pour chérir une nostalgie qui viendra quand sonnera son heure et qui doit se nourrir d’autres pages à écrire dès demain par les futurs "Rouge et Noir". L’heure du rachat, à défaut d’avoir été proclamée est attendue par tout un public qui ne demande qu’à croire en une équipe en laquelle il pourra se retrouver et s’identifier. Voilà un horizon tout tracé pour reprendre le bon cap, dès août prochain.