2,6 ha de plus ! Le Stade Rennais a revu à la hausse le projet d’extension de son centre d’entraînement à La Piverdière, à Rennes. Il s’est justifié mardi 1er mars 2022, lors d’une nouvelle réunion du comité de gestion de La Prévalaye. Les opposants sont encore plus déterminés.
Pourquoi le Stade Rennais n’a-til pas déposé son permis de construire en novembre dernier, comme annoncé initialement ? Parce-que "nos objectifs sportifs, éducatifs ne pouvaient pas être atteints sur le périmètre envisagé. Nous n’étions pas en mesure de développer un projet aussi capital sur une emprise aussi limitée", explique Karim Houari, le stadium manager du club, venu présenter les arguments du club lors d’une nouvelle réunion du comité de gestion de La Prévalaye, mardi soir au siège de Rennes métropole. À ses côtés, les représentants des cabinets de maîtrise d’œuvre et d’architecture et le vice-président du Stade Rennais, Olivier Cloarec.
Le centre d’entraînement de La Piverdière dispose aujourd’hui de sept terrains sur douze hectares. "Nous avons besoin de 10 terrains, donc il nous faudrait une surface totale de 18 hectares." Jusqu’à présent, les discussions portaient sur une extension de 3,5 ha. C’est aujourd’hui 2,6 hectares supplémentaires qui sont convoités par le Stade.
Le Stade Rennais loin de Rennes ?
Pour se justifier, le manager cite plusieurs grands clubs de Ligue 1 beaucoup mieux pourvus : "Reims, qui n’a pas la même ambition que nous, dispose de 15 terrains d’entraînement sur 25 hectares. Lens, c’est 12 terrains sur 22 hectares ; Metz, 14 terrains. Lille, 43 hectares…"
Un argument qui ne convainc pas le collectif de La Prévalaye et les autres associations porteuses de projets agroécologiques sur ce site naturel, encore préservé, aux portes de la ville : le Jardin des Mille pas, Pemagraine, la Basse-Cour, Extinction Rébellion sont plus que jamais vent debout contre ce projet. "Vous citez Lille et ses 43 ha mais pour le coup leurs installations sont en rase campagne, loin de la ville, ça n’a rien à voir", remarque un opposant.
Le club met en avant ses 5 000 fans très attachés à ce qu’il reste à Rennes. "La perspective de le voir déménager hors de la ville heurterait cette communauté. Et la Ville a d’ailleurs affiché sa volonté de conserver le centre d’entraînement sur ce site."
"La ligne rouge est franchie"
Mais, du côté des associations, ça ne passe pas, d’autant que les 2,6 ha supplémentaires visés par le club sont situés au-delà du chemin de la Taupinais, sur une zone naturelle que les opposants veulent sanctuariser. "La faune et la flore ne vont pas du tout aimer les tractopelles. Vous franchissez une ligne rouge, c’est la 11e réunion du comité de gestion et, dans ces conditions, on ne voit plus trop le sens de notre projet agroécologique", réagit Maxime, du Jardin des Mille Pas.
Anthony, du collectif de la Prévalaye, parle "de fragmentation, de désintégration" du projet des associations. "On est en train de tout casser, pas question de passer cette ligne rouge", renchérit un membre actif du comité de quartier de La Prévalaye.
Cégolène Frisque, élue écologiste déléguée pour les quartiers Arsenal, Cleunay, La Courrouze, avoue elle aussi ne pas comprendre. "Le travail du comité avait permis d’aboutir collectivement à un compromis sur 3,8 ha, au lieu des 8 ha d’extension initialement prévus. Là on fait fi de tout ce travail." Elle rappelle au passage "l’esprit" des discussions de l’entre-deux tours des dernières municipales… entre socialistes et écologistes. "Dans ce programme du deuxième tour, il y avait un accord collectif sur une extension maîtrisée et limitée, on était dans le "réduire et compenser", là on va au contraire vers une artificialisation plus importante."
Les élus écolo montent au créneau
Ludovic Brossard, conseiller municipal délégué à l’agriculture urbaine et à l’alimentation durable, ne dit pas autre chose. "Ce projet vient contrecarrer notre ambition de valoriser ces parcelles en favorisant l’agriculture urbaine. C’est un enjeu de développement agroécologique et de démocratie alimentaire. Et, surtout, c’est le mandat que nous ont donné les Rennais. Ce sera à nous élus de prendre nos responsabilités. En tout cas, on souhaite garder le Stade Rennais à Rennes, mais ne pas exclure les enjeux sociaux et écologiques."
Karim Houari tente de rassurer en expliquant que "le projet n’est pas ficelé, nos équipes travaillent pour trouver la bonne solution".
Didier Chapellon, adjoint délégué à la biodiversité, rappelle que le projet en est encore au stade des discussions. "Le processus de décision se poursuit, rien n’est tranché." En revanche, il réaffirme le projet de la Ville de Rennes : "Augmenter la place de la nature et ne pas exporter nos projets, dans un objectif de sobriété foncière."