Les recrues arrivées dans les derniers jours du marché des transferts estival sont, pour le moment, plutôt décevantes.Une victoire en sept matches. Le bilan sportif du Stade Rennais post-mercato est plus sombre que la période précédente, brillante et moins ardue, aussi, sans C1. L'équipe bretonne est toujours troisième de Ligue 1 après dix journées et elle a quelques excuses à présenter, entre la blessure d'Eduardo Camavinga, cette entrée inédite en Ligue des champions synonyme de calendrier surchargé et l'intégration des recrues à gérer. Mais la dernière semaine de compétition de haute voltige avant la trêve internationale (0-3 à Chelsea puis 0-3 à Paris) a confirmé des fragilités.
Si elles ne sont pas responsables de tout, difficile de ne pas pointer pour l'instant ces recrues qui coincent. En premier lieu celles qui ont débarqué lors d'une toute fin de mercato qui commence à poser question, alors que ces choix semblaient séduisants début octobre (dans ces colonnes nous avions accordé une appréciation de 15/20 à l'ensemble du recrutement rennais). Rennes assimile ce mercato propre à ses moyens, conséquents mais portés sur plus de potentiels à développer que de certitudes, avec une urgence (Dalbert) et un besoin comblé bien tardivement, celui du défenseur axial.
Sans doute lui a-t-il manqué sur cette période un peu plus de "métier", ce que Rugani peut apporter, ce que recherchait aussi Florian Maurice avec Diego Godin ou quand il a pris des renseignements sur Thiago Silva et Edinson Cavani. Rugani a disputé un seul match (1-1 à Dijon lors de la 7e journée) avant de se blesser pour longtemps à Séville (0-1, le 28 octobre) et ne peut encore être évalué. Ses trois partenaires arrivés sur la fin déçoivent, eux, à des degrés divers.
Gomis, du mauvais pied
Son arrivée n'était pas prévue. Pris de court par le départ d'Édouard Mendy à Chelsea, les dirigeants rennais ont vite eu pour priorité le recrutement du gardien de Dijon. Le Sénégalais (27 ans) présentait un profil athlétique similaire à son compatriote et ses premières sorties ont confirmé une certaine aisance sur sa ligne.
Mais il a débarqué en Bretagne blessé, s'est peu entraîné avant de débuter contre le FC Krasnodar en Ligue des champions (1-1, le 20 octobre) et peut dégager une certaine fébrilité, notamment dans le jeu au pied. Un élément assez pénalisant pour le jeu rennais, basé sur des relances propres vers des défenseurs et des milieux plutôt habiles techniquement.
Rennes a pris plus de points avec l'expérimenté Romain Salin dans le but qu'avec ce nouveau n°1 acheté 16 millions d'euros, une somme considérable à ce poste. Les dirigeants bretons, qui ont un temps contesté ce montant à verser en deux temps au DFCO, sont conscients d'avoir sans doute payé trop cher. Mais c'était le prix de l'urgence, et le staff reste persuadé d'avoir fait, sportivement, le bon choix.
Dalbert, l'énigme brésilienne
Le cas du latéral gauche prêté par l'Inter Milan semble en partie réglé : avant la trêve internationale, il était sérieusement concurrencé par l'international Espoirs Adrien Truffert (19 ans aujourd'hui) ; avec le futur retour de blessure de Faitout Maouassa, son horizon semble bouché.
Le Brésilien (27 ans) est l'ombre du joueur qui avait enthousiasmé la L1 sous le maillot niçois en 2016-2017. Il est décevant sur le terrain et en dehors, où son attitude peu empreinte de modestie a été remarquée. Quand Maouassa s'est blessé à une cheville, le 19 septembre contre Monaco (2-1), l'empressement du club à "compenser" cette absence pouvait s'entendre. Mais il n'a pas eu la main heureuse avec le Brésilien, détonateur entre autres du lourd revers à Chelsea (0-3) en C1 en se faisant expulser après avoir provoqué deux penalties.Ne pas laisser les clés à Truffert pour deux mois, même s'il avait été la révélation de la préparation d'été et avait réussi des débuts tonitruants face à Monaco (un but, une passe décisive), était le choix de la prudence. Difficile d'aborder l'enchaînement L1-C1 avec le seul Truffert comme spécialiste du poste. Mais cette décision a interrogé en interne, à l'époque. Et les performances de Dalbert n'ont pas levé ces doutes.
Aujourd'hui, Rennes se retrouve avec trois spécialistes du poste, soit un de trop. Une réflexion sur la continuité du prêt de Dalbert pourrait être menée d'ici à janvier.
Doku se cherche encore
L'ailier belge est arrivé à 18 ans après 34 apparitions en Jupiler League et il a un profil trop particulier pour s'insérer en quelques semaines dans une équipe qui, faute de temps entre les matches, ne s'entraîne plus vraiment.
Dans son cas, Rennes a investi beaucoup (26 millions d'euros, record du club) en pensant à l'avenir et en laissant étonnamment partir Raphinha (à Leeds), une arme offensive qui pouvait être encore plus intéressante après une première saison avec quelques coups d'éclat (5 buts, 3 passes décisives en 22 matches de L1). Le club breton a choisi de ne pas le bloquer, a ouvert la porte à une opportunité satisfaisante financièrement pour les deux parties, mais sportivement, pour le moment, on ressent plus la perte de Raphinha dans l'animation offensive que l'apport de Doku, qui peine assez logiquement. Il était remplaçant à Chelsea en C1, conséquence de premières sorties brouillonnes qui ont confirmé son principal défaut actuel : le joueur belge n'est pas toujours connecté au collectif.
Si les dirigeants croient beaucoup en lui et si son explosivité est indéniable, il est le symbole de ces recrues qui se cherchent encore. Dans son cas, au moins, le temps d'adaptation faisait partie du programme. D'autres avant lui, dont Raphinha, ont eu besoin de plusieurs mois pour s'adapter à Rennes.
La première vague a plus convaincu
Nayef Aguerd, arrivé de Dijon pour cinq millions d'euros, est pour l'instant une bonne pioche, entre ses trois buts marqués en L1, son aisance technique et sa présence aérienne. Mais il fait partie d'une défense qui a préservé sa cage une seule fois cette saison (3-0 à Saint-Étienne, le 26 septembre) : il manque parfois de dureté, entre autres.
Martin Terrier, recruté à Lyon pour 12 millions d'euros hors bonus, reste malheureusement dans le ton de ses deux saisons très mitigées dans le Rhône. Il a marqué un but, a été plutôt consistant contre le FC Krasnodar en C1 mais n'a brillé ni à Séville, où il devait surtout contrôler Navas, ni à Chelsea, et encore moins contre Paris. Son bilan en L1 (un but, une passe décisive) est insuffisant. La question de son meilleur positionnement reste posée (à gauche ou axial). Mais il a 23 ans et une bonne marge de progression s'il se libère sur le plan mental.
Enfin, Serhou Guirassy, joueur du mois de septembre (trois buts), coince un peu après de très bons débuts. Sans doute parce qu'il a trop joué en l'absence de M'Baye Niang, qui revient. Mais il pèse sur les défenses, est au niveau où on l'attendait, et s'il n'a plus marqué dans le jeu depuis deux mois c'est aussi qu'il est beaucoup moins bien servi. À son sujet, le club ne nourrit aucune inquiétude.