Alidu Seidu, défenseur du Stade Rennais, évoque dans une interview à Ouest-France son enfance dans un climat violent au Ghana pour relativiser sa grave blessure au genou gauche survenue en novembre.
Alidu Seidu (24 ans) était l’une des rares satisfactions du début de saison rennais. Mais tout s’est brutalement arrêté, le 24 novembre à Lille (1-0), quand le défenseur s’est rompu un ligament croisé antérieur du genou gauche sur un dégagement anodin. Depuis, l’international ghanéen (11 sélections) suit scrupuleusement sa convalescence sans se lamenter. Dans une interview à Ouest-France, il relativise ce coup d’arrêt en rappelant le contexte violent dans lequel il a grandi au Ghana.
On se baladait dans la rue avec des couteaux ou des machettes
"Quand cela m’est arrivé, j’enchaînais les matches, j’étais très bien dans ma tête, et sur le moment cela a été un peu dur, car j’ai eu très mal", explique-t-il. "Mais j’ai vite pris cela comme un défi. J’ai vécu pire que les croisés dans ma vie: quand j’étais petit au Ghana, j’avais failli mourir après avoir reçu un coup de machette sur la tête, dans la rue j’ai vécu des moments très difficiles. Cela fait largement relativiser. Je reste chanceux d’être devenu un joueur pro, d’être ici. Le côté négatif, j’essaie toujours de le tourner en quelque chose de positif, c’est dans mon caractère."
L’ancien Clermontois, recruté par Rennes en janvier 2024 contre 11 millions d’euros, avait déjà évoqué ce quotidien brutal en mars 2024 dans une autre interview à Ouest-France. "J’ai grandi dans un quartier très dur, très violent, à Kumasi, à côté d’Accra", détaillait-il. "À force de côtoyer les copains qui sont dans ce délire et de traîner dans la rue, ça m’a rendu un peu nerveux, méchant. J’étais un petit très bagarreur, qui avec notre bande au quartier insultait tout le monde, ne respectait personne. On se baladait dans la rue avec des couteaux ou des machettes, j’ai commis des vols, des dégradations, des petits trafics. Ma mère pleurait tout le temps, et parfois, je fuyais la nuit pour que mon père ne me corrige pas. Heureusement, mon oncle était là et m’a beaucoup poussé vers le foot, car il savait que j’avais quelque chose. Il m’a toujours soutenu, et le foot m’a sauvé la vie! Mes parents étaient très contents quand ils ont su que je partais dans un centre de formation bien cadré, protégé, que je puisse quitter le quartier où j’étais menacé chaque jour."
Il avait notamment expliqué cette agression à la machette lors d’une bagarre qui lui avait valu d’être hospitalisé trois mois. "J’avais perdu beaucoup de sang, je ne parlais plus… Tout le monde pensait que j’allais mourir."