Alors que le Stade Rennais se déplace samedi (12 h 45) sur la pelouse d’Angers pour le compte de la 33e journée de Ligue 1, Bruno Genesio est revenu en conférence de presse sur la rare longévité de Stéphane Moulin, son homologue angevin, sur le banc du Sco. L’occasion pour le technicien des Rouge et Noir de faire part de son agacement envers la manière dont sont considérés les entraîneurs français, qu’il estime "sous-cotés".
"Quand vous faites sept ou huit ans au plus haut niveau, que vous atteignez chaque année les objectifs fixés, voire plus, ça démontre un savoir-faire. ?Interrogé ce jeudi en conférence de presse sur la longévité sur le banc angevin de Stéphane Moulin, Bruno Genesio a rendu hommage au travail du technicien du Sco, que le Stade Rennais affronte samedi (12 h 45) pour le compte de la 33e journée de Ligue 1. Je connais Stéphane, sa façon de travailler, et le fait qu’il soit resté si longtemps dans le même club, c’est simplement la récompense de son travail. Maintenant, il arrive peut-être au bout de quelque chose, et s’il a pris cette décision (quitter Angers Sco en fin de saison, après dix ans en tant qu’entraîneur de l’équipe première)?, c’est peut-être le meilleur choix pour lui.
"Je m’élève contre ça"
Quant à estimer si Stéphane Moulin était un entraîneur sous-coté, le coach rennais a élargi la perspective. Mais les entraîneurs français sont sous-cotés. J’ai encore lu une déclaration d’un président d’un grand club qui dévalorisait la formation française, des joueurs et des entraîneurs. Je m’élève contre ça. Nous, entraîneurs français, ne sommes pas suffisamment solidaires par rapport à ça. Quand je vois ce que fait Stéphane, ce que font David Guion à Reims, Michel Der Zakarian à Montpellier, quand on ramène à leur budget, l’effectif… On peut aussi parler d’Olivier Dall’Oglio (Brest)?. Il y a plein d’entraîneurs français qui font bien leur travail et qui ne sont pas mis en avant.
Zidane, il a passé sa formation en France. Deschamps, il a coaché en France. On a un entraîneur qui est champion, il est français. On a un entraîneur qui va peut-être gagner une quatrième Ligue des champions en cinq ans, il est français?, illustre encore Genesio, tout en reconnaissant que les entraîneurs tricolores doivent aussi travailler dans la maîtrise des langues étrangères ?pour mieux s’exporter.
"À chaque fois, l’entraîneur français est sous-estimé"
Aujourd’hui, l’entraîneur qui est en tête du championnat (Christopher Galtier avec Lille)?, il est français, il a passé sa formation en France. Celui qui est 4e aussi (Rudi Garcia, avec Lyon)?. Les 2e (Mauricio Pochettino, avec le PSG) et 3e (Niko Kovac, avec Monaco) sont étrangers. Ça veut dire qu’il y a de la qualité partout. Ce que je dénonce là, ce n’est pas le fait qu’il y ait des entraîneurs étrangers en France, c’est le fait qu’à chaque fois l’entraîneur français soit sous-estimé. Christophe (Galtier) a fait huit ans à Saint-Étienne. Avant qu’il ait la reconnaissance qu’il a aujourd’hui, il a fallu qu’il en fasse. Qu’il soit premier du championnat avec Lille. Mais tout ce qu’il a fait à Saint-Étienne avant ? Il a gagné une Coupe de la Ligue, il les a ramenés en Ligue Europa, et ça n’a pas beaucoup été mis en avant. Même Zidane n’est pas mis en avant par rapport au travail qu’il a fait.
Lille sera-t-il champion de France cette année ?
Avant de conclure. On a tendance à mettre les gens dans des cases. L’entraîneur français est frileux, défensif. L’entraîneur espagnol produit du jeu. L’entraîneur anglais a le fighting spirit (esprit combatif). C’est réducteur tout ça."