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Laurent Pokou à Rennes : un roi en Bretagne

Cet été pendant le mercato, So Foot revient chaque jour de la semaine sur un transfert ayant marqué son époque à sa manière. L’épisode 50 est consacré à l'aventure de Laurent Pokou à Rennes au cœur des années 1970. Une histoire d'amour entre un joueur spécial et une région, une ville et un club, racontée de son arrivée inespérée au Stade rennais, une équipe à la dérive, à un coup sang à la veille de Noël. Des gestes fous, des buts à la pelle, un charisme rare et un devoir de mémoire, entretenu par les fans de l'attaquant ivoirien et le club rouge et noir.

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À Rennes, le nom de Laurent Pokou se transmet de génération en génération, comme un héritage, et une fierté régionale dont il est important de ne jamais oublier le rayonnement. Il ne faut pas avoir vu jouer l’attaquant ivoirien sous le maillot rouge et noir pour respecter le joueur qu’il était. Les plus anciens aiment rappeler la chance qu’ils ont eu de pouvoir admirer un tel footballeur au stade de la route de Lorient, et leurs yeux s’illuminent dès qu’il s’agit d’ouvrir la boîte à souvenirs pour remonter le temps. C’était il y a près de 50 ans, la mémoire peut parfois jouer des tours, mais elle est aussi épatante quand elle permet de raconter des scènes vieilles des années 1970, avec des petits détails et des grandes précisions. « Il a marqué les esprits d’une manière incroyable pour un joueur qui n’a pas été si longtemps au Stade, confirme Jacques Delanoë, jeune supporter du club breton à l’époque et aujourd’hui président du conseil d’administration du SRFC. C’était une époque très dure pour les amoureux du club et Laurent Pokou a été un véritable rayon de soleil parce que l’on ne pensait pas qu’un joueur comme ça puisse être à Rennes. » Le miracle est arrivé le 29 décembre 1973, comme un cadeau de Noël après l’heure au pied du sapin, et il n’a pas fallu longtemps pour comprendre que ce serait le début d’une très belle histoire.

"J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas Brésilien."

La lettre de Pelé, les 27 apéritifs et le rôle de François Pinault

Laurent Pokou n’était pas n’importe qui, les mois, les semaines et même les jours précédant son arrivée en Europe viennent le rappeler. À ce moment-là, l’homme d’Asmara est déjà une légende du football africain et un dieu vivant en Côte d’Ivoire, où il a collectionné les buts et les titres nationaux avec l’ASEC Abidjan. Il est aussi le meilleur artilleur de l’histoire de la CAN (14 réalisations en deux éditions, en 1968 et 1970), un record qui tiendra pendant près de 40 ans jusqu’à ce qu’il ne soit battu par Samuel Eto’o, en 2008. Après la mini Coupe du monde de 1972 (aussi appelée Coupe de l’Indépendance) se déroulant au Brésil, il est adoubé par le roi Pelé lui-même : « J’ai trouvé mon successeur. Il s’appelle Laurent Pokou. Il n’a qu’un défaut, il n’est pas Brésilien. » Un an plus tard, le triple champion du monde joue un rôle déterminant dans la décision de l’Ivoirien de quitter le continent africain, Pokou ayant été marqué par les histoires récentes de Salif Keita et de Jean-Pierre Tokoto(1) en France. Le 25 novembre 1973, Georges Taï Benson, vedette de la télé ivoirienne et conseiller de Pokou, revient du pays de la samba avec un maillot de Santos dédicacé par Pelé, et surtout avec une lettre écrite par le Roi, dévoilée dans le canard Ivoire Dimanche, dans laquelle il lui demande de « vivre pleinement » sa carrière et de « tirer le maximum profit de ses dons et de son travail ».

Les clubs français et européens n’ont cependant pas attendu cet anoblissement pour jeter leur dévolu sur Pokou. Entre septembre et décembre de cette année 1973, la star ivoirienne aurait ainsi participé à 8 dîners, 3 déjeuners, 27 apéritifs et 15 entretiens, selon Georges Benson. Tout le monde veut Pokou, mais l’affaire n’est pas seulement sportive, elle est aussi politique. « C’était un trésor national, le président Félix Houphouët-Boigny l’appelait « mon fils », éclaire Jean-Yves Augel, co-auteur du bouquin Laurent Pokou : un destin de foot(2). Ils étaient de la même ethnie et il savait qu’il était indispensable au club de l’ASEC Abidjan. » Ainsi, les figures de la vie politique de l’Hexagone se succèdent pour essayer de convaincre l’homme d’État africain de laisser filer sa pépite : Gaston Deferre pour l’OM ; le prince Rainier III pour Monaco ; André Morice, maire de Nantes, pour le FCN. Sans succès. La Côte d’Ivoire est quasiment une prison dorée pour Pokou. Le 5 décembre, l’attaquant s’apprête à prendre l’avion pour Nantes, mais il est stoppé à l’aéroport de Port-Bouët par des militaires. « Dans mon esprit, je partais plein d’espoir pour Nantes, racontera-t-il des années plus tard. Ils m’en empêchaient. Sur le coup, j’ai été très déçu. »

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Le président Bernard Lemoux et Laurent Pokou au moment de la signature du contrat de l’Ivoirien à Rennes

Dans l’ombre, un club tente de griller la politesse à tous les autres : le Stade rennais. À la manœuvre, François Pinault, déjà membre du conseil d’administration des Rouge et Noir et homme d’affaires négociant du bois en… Côte d’Ivoire, bien aidé par l’amicale des Bretons de Côte d’Ivoire (Ti Breizh). Les discussions aboutissent et Houphouët-Boigny, dont le fils a fait ses études à Rennes, finit par accepter l’idée de voir le prodige s’en aller. Le 29 décembre, à 5h52, une dépêche de l’AFP tombe et fait date : « L’Ivoirien Pokou attendu à Rennes. » Le buteur est arrivé au Bourget à bord de l’avion privé de M. Pinault, à une trentaine de kilomètres d’Orly, où Robert Budzynski, directeur sportif du FCN, et une délégation nantaise espéraient encore voir cette perle rare rejoindre la Maison Jaune. À 12h30, Pokou signe son contrat avec le SRFC (une période d’essai de six mois reconductible pour deux ans) et pose aux côtés du président Bernard Lemoux, de l’entraîneur René Cédolin et de François Pinault. « Rennes se traînait en fin de classement, à la 19e place, avec une attaque famélique, se souvient Augel. En général, dans ces cas-là, on change d’entraîneur. Là, ils ont pris Pokou. » Le spectacle pouvait commencer.

Je n’ai jamais connu un joueur aussi fort au Stade rennais. Rien que son nom sur la feuille de match, c’était 5000 spectateurs en plus.

Un peu, Pokou, à la folie, passionnément
Si la première impression est toujours la bonne, Laurent Pokou n’a pas manqué la sienne auprès des Rennais. Le 6 janvier 1974, l’équipe doit relancer la machine à Troyes, dans le froid aubois, et l’attaquant est attendu pour ses grands débuts. Une curiosité attirant du monde, dont la presse ivoirienne. « Tu marques un but à Troyes et je t’offre un billet aller-retour pour la Côte d’Ivoire », glisse le président Lemoux à Pokou, qui n’a pas encore sa femme Thérèse et sa famille avec lui en Bretagne. Résultat : un but, une passe décisive, une victoire rennaise et la naissance de très belles promesses, devenant encore plus concrètes quinze jours plus tard, quand Pokou illumine la rencontre face à l’OL de Chiesa, Di Nallo et Jacquet, 3e au classement, pour sa découverte du stade de la route de Lorient (succès 1-0 de Rennes). « J’étais en tribune ce jour-là et j’en garde un souvenir extraordinaire, rembobine Jean-Paul Rabier, jeune joueur de 18 ans à l’époque et futur coéquipier de Pokou. Il était marqué par Baeza, qui n’était pas un tendre, et le ballon lui arrive sur la poitrine à 35 mètres du but. Il le soulève pour le faire passer au-dessus de la tête de Baeza, le laisse rebondir et le reprend derrière en l’envoyant dans la lunette. Le stade a explosé, c’était fou. » En quelques semaines à peine, le génial Pokou transforme le Stade rennais et tout le monde est sous le charme, des supporters bretons à la presse nationale, en passant par les partenaires de la nouvelle star. « Le public me découvrait. Le mariage était consommé », imagera Pokou dans le livre qui lui est consacré.

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Ce sont bien sûr les autres qui parlent le mieux du joueur qu’était Pokou, ceux qui ont pu le voir évoluer sur le pré. « Il était dribbleur, chambreur, vif, rapide, il faisait très peu de touches de balle sur 20 mètres, énumère Alain Prioul, co-auteur de l’ouvrage et ancien journaliste chez Ouest-France. Un coup de rein magnifique, un jeu de tête énorme ! Je n’ai jamais connu un joueur aussi fort au Stade rennais. Rien que son nom sur la feuille de match, c’était 5000 spectateurs en plus. » Jacques Delanoë se souvient d’un « joueur éminemment spectaculaire, bondissant, qui jouait presque comme un gymnaste et qui pouvait marquer dans toutes les positions ». Pour Jean-Paul Rabier, « c’était un félin de premier ordre aimant se frotter à l’adversaire direct ». Laurent Pokou n’était pas du genre brillant à l’entraînement (« on a l’impression qu’il s’ennuyait, ce n’était pas son truc », dit Rabier), mais se transformait en génie du ballon rond en match. « Ce qui me bluffait, c’est qu’il s’allongeait sur la table de massage et dormait dans le vestiaire, se marre Rabier. Il dormait ! Mais une fois réveillé, c’était un monstre sur le terrain. »

Les premiers mois à Rennes sont idylliques, Pokou gagnant presque à lui tout seul les rencontres face à Lyon, Marseille et l’ASSE
. L’Ivoirien vole sur le terrain, épate ses partenaires et permet au SRFC de se maintenir dans l’élite en terminant la saison en milieu de tableau. Là encore, il faut écouter ceux qui l’ont vu de près, comme l’arbitre international Michel Vautrot : « Les joueurs qui m’ont le plus impressionné ? Je ne vais pas faire preuve d’originalité. Les Platini, Beckenbauer, Pelé, Giresse, bien sûr. Mais je n’ai jamais rien vu de tel que Pokou lors d’un Rennes-Saint-Étienne. » Des compliments à tout-va de la part de ses adversaires, ses partenaires et des journalistes pour un joueur d’une élégance folle sur le terrain, mais aussi en dehors, où le charmeur Pokou se distingue en se baladant tel un dandy muni d’un Borsalino et un style lui permettant aisément de renforcer sa réputation de séducteur.

Le diable, le genou et le coup de sang
L’aventure de Pokou à Rennes n’est pas seulement magnifique, elle est aussi parfois chaotique. Si le buteur continue de régaler lors de sa deuxième saison (15 buts en D1), il ne peut empêcher la descente du SRFC à l’échelon inférieur, son duo avec Raymond Kéruzoré, de retour au bercail, n’ayant pas pris, et les pépins physiques commençant à freiner son règne sur le championnat français. Avec une pointe d’amertume, il accepte de rester au Stade rennais lors de l’exercice 1975-1976, en D2, où il commence fort en martyrisant Rouen et le pauvre René Sillou. « Dans le vestiaire, après le match, il avait la tête entre les mains et n’arrêtait pas de dire : « C’est le diable ce type, c’est le diable ! », confie Alain Prioul. Il a fallu que son président, son coach et ses coéquipiers viennent le secouer pour qu’il aille sous la douche. » Mais Pokou n’a pas le temps de traumatiser tous les stoppeurs de la division (17 buts en 12 matchs), l’attaquant étant victime d’une grave blessure après avoir vu le portier Raymond Olejnik lui tomber sur la jambe lors d’un Rennes-Châteauroux en décembre.

Quand il passe devant moi, je le suis du regard et je sens qu’il va péter les plombs. D’un coup, il se retourne et court vers l’arbitre, je l’ai chopé sans réussir à le stopper entièrement, même si ça a amorti un peu le coup. Laurent n’a pas su se contrôler.

Il y a alors la crainte de ne plus jamais revoir l’artiste sur un terrain de foot (« Pour moi, ce fut le désespoir. Le football, c’est toute ma vie », dit Pokou) pendant que la formation bretonne remonte brillamment dans l’élite. Une longue attente de 13 mois et 14 jours pour revoir l’idole refouler la pelouse de la route de Lorient lors de la réception de Bordeaux, le 21 janvier 1977. « Je flamberai ou je craquerai pour le Stade rennais », lâche-t-il même dans France Football face aux doutes entourant son retour. La réponse arrive après 23 minutes de jeu : Pokou craque et doit sortir après un claquage à la cuisse. L’esthète prend part à une fin de saison calamiteuse (5 buts en 5 apparitions, quand même) et laisse cette fois Rennes en D2 pour rejoindre le Nancy de Michel Platini, le SRFC ayant besoin de renflouer les caisses. Mais en Lorraine, Pokou ne retrouve pas la chaleur de la Bretagne et il n’est surtout pas la seule star de l’équipe. Sa parenthèse nancéienne est un échec et l’Ivoirien se console en étant transféré… au Stade rennais. « Je préfère la seconde division et jouer plutôt que la première et ne rien faire. Quand ça part du mauvais côté, il faut savoir faire marche arrière et ne pas s’entêter », accepte Pokou. Le rêve d’Alfred Houget, nouveau président du SRFC et sauveur d’un club ayant frôlé la disparition, est exaucé. Le buteur providentiel revient à la maison contre une indemnité d’environ 70 000 francs. Mais Pokou, dont le genou est toujours fragile, fait face à ses limites physiques dans un championnat exigeant dans ce domaine (12 matchs, 6 buts et 4 passes décisives).

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Les histoires d’amour n’ont pas toujours le droit à des fins heureuses, celle de Pokou avec Rennes est d’une tristesse absolue. Le 23 décembre 1978, les Rouge et Noir se rendent au stade Kernévez pour défier les amateurs de Saint-Pol de Léon. « Houget avait accepté d’inverser le match qui devait initialement se jouer route de Lorient. Il a fait une grosse connerie », assure Alain Prioul. « Un dirigeant me dit à l’époque qu’on va là-bas parce qu’on allait faire une plus grosse recette à la buvette, confirme Rabier, capitaine cette année-là. Effectivement, on était plus qu’attendus… » Un coupe-gorge, un bourbier pour des Rennais malmenés, battus et surtout désespérés d’avoir perdu Pokou, expulsé à l’heure de jeu pour avoir bousculé et insulté l’arbitre M. Lopez. « Quand il passe devant moi, je le suis du regard et je sens qu’il va péter les plombs, rejoue Rabier. D’un coup, il se retourne et court vers l’arbitre, je l’ai chopé sans réussir à le stopper entièrement, même si ça a amorti un peu le coup(de pied, NDLR). Laurent n’a pas su se contrôler. On avait un repas le soir-même, il s’énervait avec les dirigeants. C’est l’un de mes pires souvenirs. » Sans le savoir, il vient de vivre son dernier match officiel sous le maillot rennais et en Europe. Suspendu deux ans, l’attaquant voit sa sanction réduite à six mois ferme et dix-huit mois de sursis. « Ma carrière est terminée. C’est triste d’en finir ainsi », déplore-t-il en quittant la salle d’audience. Pokou à Rennes, c’est fini.

Sans l’aide des Rennais, je n’y serai peut-être pas parvenu. On dit les Bretons têtus. C’est probablement vrai, mais il faut les côtoyer, apprendre à les connaître, parler et dialoguer avec eux. Ce sont des gens formidables.

De l’homme d’Asmara au Duc de Bretagne
Dans l’imaginaire collectif et dans la légende du club breton, Pokou n’a cependant jamais perdu ses lettres de noblesse. L’Ivoirien était un roi, un dieu vivant pour beaucoup. C’est le cas en Afrique, et Jean-Paul Rabier se rappelle encore avec précision de la tournée du SRFC en Côte d’Ivoire, probablement négociée lors du transfert de Pokou, en juin 1974 : « On arrive à l’aéroport, c’était noir de monde. Il y avait 15 000 ou 20 000 personnes, dont des gens qui avaient fait trois jours de marche pour venir le voir ! Au stade, ils étaient 50 000. Je me souviens de le voir entrer en dernier à l’échauffement, olalalala, ce brouhaha. C’est inoubliable et c’est à ce moment que l’on comprend la dimension de cet homme. » Puis, l’homme d’Asmara est devenu le Duc de Bretagne, un surnom trouvé par un journaliste de France Football après une énième démonstration. De ses trois années et demie passées à Rennes, Pokou a gardé de très bons amis et d’excellents souvenirs, lui qui avait été très touché par l’accueil fait par le club et la ville. « Sans l’aide des Rennais, je n’y serai peut-être pas parvenu, assurait-il. On dit les Bretons têtus. C’est probablement vrai, mais il faut les côtoyer, apprendre à les connaître, parler et dialoguer avec eux. Ce sont des gens formidables. Nombreux sont mes amis dans ce pays d’une admirable beauté. »

Laurent Pokou savait décidément aussi bien parler qu’il ne maniait le ballon, ce qui n’était pas de trop pour séduire son monde. « Il disait que le Stade rennais était le club de sa vie, il le disait, sourit Jacques Delanoë. Il paraît même que l’on trouvait le drapeau breton dans son village à Abidjan. » Ce n’est en tout cas pas un hasard si deux de ses cinq enfants ont hérité de prénoms bretons, Erwan et Gaëlle. En mai 2011, Pokou était revenu à Rennes, chez lui, à l’occasion d’une semaine spéciale lors de laquelle la ville et le club lui avaient rendu hommage, à travers la sortie du livre, des dîners entre anciens, des concerts et une rencontre face à Nancy au stade, où il avait été célébré par les plus vieux comme les plus jeunes. Une attention très rare voire unique pour un joueur de foot. « Quand il revenait à Rennes et qu’on arrivait à la gare, il voulait absolument passer devant son ancien appartement, situé au bout de la rue Duhamel, près du Théâtre national de Bretagne, rapporte Jean-Yves Augel, devenu proche de l’Ivoirien dans ses dernières années. Il me montrait la chambre de son fils, il avait cette nostalgie des années 1970. Et un attachement incroyable pour la ville et la Bretagne. » Le 13 novembre 2016, Laurent Pokou s’est éteint à l’âge de 69 ans, laissant derrière lui des milliers d’anecdotes et encore plus de souvenirs. « Il jouait comme il avait envie de jouer, et il vivait comme il avait envie de vivre, c’était Laurent Pokou », conclut Jean-Paul Rabier. Son nom est resté dans toutes les mémoires et son visage souriant est apparu l’année dernière autour du Roazhon Park, quand son portrait a rejoint le mur des Légendes. À Rennes, il ne sera jamais question d’oublier Laurent Pokou.

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