La ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra, va dévoiler jeudi matin les mesures pour réduire la consommation d'énergie des activités liées au sport, que nous vous dévoilons en avant-première.
La semaine dernière, le gouvernement dévoilait les grandes lignes de son plan de sobriété. Trois des mesures retenues pour réduire la consommation d'énergie des activités liées au sport avaient été dévoilées : la réduction de près de 50 % de l'éclairage des avant-matches et des après-matches pour les rencontres de rugby et de football professionnels en journée - et de plus de 30 % en nocturne -, la baisse de la température de chauffage d'au moins 2 °C dans les gymnases et dans les salles de sport privées, ainsi que la température de l'eau d'au moins 1 °C dans les piscines.
Ce matin, Amélie Oudéa-Castéra va dévoiler les 37 autres au ministère des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques. La ministre a pris le temps de nous recevoir hier, au milieu d'un emploi du temps particulièrement chargé. "On s'est engagé car c'est un des défis de ce siècle. Parce qu'on doit tous contribuer et que, compte tenu de sa visibilité médiatique et de son importance sociétale, le sport a un rôle à jouer particulier."
Une grande partie sera mise en place dès aujourd'hui. "L'avantage de ce plan, c'est que certaines mesures sont appliquées immédiatement, comme la baisse de deux degrés dans les gymnases ou les salles de sport, la réduction du temps d'éclairage pendant les matches (activée dès le week-end dernier par la LFP) ou encore la réduction de 10 % de l'intensité de la luminothérapie", indique la ministre, dévoilant ainsi une des mesures phares.
Suspension du classement des pelouses pour cet hiver
La Ligue de football professionnel, particulièrement active lors des groupes de travail, s'engage à demander à ses clubs de réduire l'utilisation de la luminothérapie pour ses pelouses, une technologie particulièrement énergivore (environ 10 % de la consommation totale d'un club professionnel). Pelouse toujours, l'instance va leur demander de diminuer l'utilisation du chauffage au sol. Le classement des pelouses devrait être suspendu cet hiver pour inciter les clubs à adhérer à ces mesures. La LFP s'engage même, en cas de journée rouge Ecowatt, à limiter l'utilisation du chauffage au seul mode "hors gel" permettant d'assurer la tenue des rencontres dans des conditions de sécurité satisfaisantes pour les footballeurs.
Une étude sur la diminution durable de la luminothérapie et du chauffage des pelouses va être initiée, toujours sous l'impulsion de la LFP, qui fera partie d'un groupe de travail pour réduire les émissions de gaz à effet de serre liées aux déplacements des clubs professionnels. Les fameux avions privés utilisés par les équipes de L1 chaque week-end.
"On sait aussi que le transport, c'est aujourd'hui 85 % en moyenne de l'empreinte carbone des événements sportifs."
Amélie Oudéa-Castéra
La mobilité est d'ailleurs au coeur du dispositif. "Dans le travail que nous menons sur la sobriété énergétique, il y a réduction de la consommation de gaz, de l'électricité et des hydrocarbures, explique-t-elle, entre deux rendez-vous. L'encouragement au vélo et à la marche, le développement du covoiturage, vont nous permettre d'alléger cette pression. On sait aussi que le transport, c'est aujourd'hui 85 % en moyenne de l'empreinte carbone des événements sportifs. Donc, on économise cette énergie d'un côté, tout en réduisant nos émissions."
Il est donc prévu d'expérimenter la mise en place de la gratuité des transports en commun pour les détenteurs d'un billet, de densifier les stationnements sécurisés pour vélos à proximité des stades et de poursuivre le recours au covoiturage pour les spectateurs.
Les autres mesures :
- Limiter à 19°C la température dans les sièges sociaux et les enceintes sportives, dont les loges.
- Limiter le recours à la climatisation dans ces mêmes endroits et ne pas descendre en dessous de 26°C.
- Renforcer les écolabels dans l'ensemble des structures sportives.</>
- Développer la sensibilisation et l'offre de formation sur la transition énergétique pour les acteurs du sport.
- Mettre à disposition les supports de communication des acteurs du sport français, particulièrement ceux des clubs professionnels, pour relayer la communication gouvernementale sur les écogestes.
- Supprimer des consommations énergétiques lors de l'activation du signal Ecowatt rouge.
Ces 40 mesures ont vocation à être durables. "On veut bouger les lignes durablement et structurellement. On ne les prend pas pour deux mois ou pour passer l'hiver. Il faut que, tous, nous changions nos façons de faire, de vivre, pour que ces changements puissent s'inscrire dans la durée", développe Amélie Oudéa-Castéra. La ministre pense qu'elles pourront être appliquées en 2024, même si "faire basculer les usages sur le vélo, la marche, le covoiturage, prendra davantage de temps".
Et d'autres seront proposées à l'avenir. "Au global, 290 propositions ont été remontées. Nous en avons priorisé 40, le reste va aussi nous donner du grain à moudre pour inscrire cette transition dans la durée. Les objectifs ont aussi été fixés au niveau européen, c'est-à-dire de baisser de 50 % notre consommation d'énergie à l'horizon 2040. Le cap de 2024 est très important, mais derrière il va falloir qu'on continue."